Donne au moins envie de s'intéresser au sujet

Pour une fois je n'ai pas regardé un film pour la mise en scène ou pour les acteurs et d'ailleurs soyons clair la mise en scène est très bof même si les acteurs sont très bons, Sigourney Weaver en tête.

Je suis hétérosexuel, blanc et cisgenre et même si j'ai des amis gays et que j'ai des problèmes personnels dans ma vie (comme tout le monde quoi) je suis à des années lumières de m'imaginer ce que ça pourrait faire de subir ce que des millions de gens subissent.

La première chose qui m'a frappée c'est le manque de répit : que ce soit les réflexions et le déni de sa mère, les insultes des "amis" de son frère, l'église, la télévision, la grand-mère, la psy, au final même la famille de son mec et leur bienveillance (je pense) non feinte et j'en passe il doit être particulièrement compliqué pour une personne aussi jeune de supporter cela et d'avoir un minimum confiance en soi. Le pire dans tout cela c'est qu'il aime profondément sa famille et se sent "impur" par l'éducation qu'il a eu, et par l'endoctrinement que sa mère a eu qui par ailleurs est détestable et touchante en même temps.

En parlant d'endoctrinement je pense que ce qui fait que le téléfilm sort un peu du lot c'est (en dehors du jeu toujours très bon de Sigourney Weaver) du traitement de la religion. Je ne suis pas chrétien mais j'ai lu la bible et souvent je déteste le traitement manichéen qui en est fait (ce sont soit les grands méchants ou les grands bienfaiteurs). Ici ce n'est pas le cas, certes c'est en très grande partie à cause de la religion tout ce qui arrive à ce pauvre Bobby et par extension à sa mère mais on nous montre également d'autres courants, plus proche des préceptes du nouveau testament ("que celui qui n'a jamais pêché me jette la première pierre") que du christianisme suprémaciste/moralisateur/idolâtre/512 plaies d'Egypte et 45 destructions de l'humanité.

Je reproche parfois à ce genre de film soit d'en faire trop, soit de faire culpabiliser, soit d'être en dehors des réalités. Ici à part le fait qu'il aie une voiture que je ne pourrais jamais me payer ce sont des personnes du quotidien avec leurs qualités et leurs défauts. Certes on a envie de baffer la mère (je te prie de m'excuser Sigourney) et surtout la psy et les curés/pasteurs moralisateurs mais c'est toujours contre balancé : il y a des hommes de foi soutenant le droit des gays (même si malheureusement je doute que ce soit une majorité), des familles qui finissent par accepter leur enfant homosexuel ou "différent", ces mêmes homosexuels qui ont eu le droit au bonheur et quand cette très chère Mary se met à douter de la religion et à succomber au désespoir on se dit que finalement toute détestable qu'elle a été elle ne mérite pas ça, tout comme personne d'ailleurs.

Certes le film a une réalisation de ... téléfilm, il y a des ellipses vraiment mauvaises et le montage m'a parfois vraiment perdu. Ce n'est pas un chef d'œuvre mais il a le mérite de traiter le sujet de manière juste et touchante, je me suis d'ailleurs renseigné directement après le film notamment sur le PFLAG.

À moins que ce soit uniquement grâce au livre et/ou à l'histoire vraie d'où ce film est tiré ...