Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.

Un film tourné en 1951, qui ne se verra doté d'une bande-son et donc terminé qu'en 1960. Mais derrière le nom amusant de Charlotte et son steak, il y a un timing, des marques, des techniques qui révèlent que Eric Rohmer réfléchissait déjà à ses Six Contes Moraux.
La preuve, dans ce court-métrage, Walter présente Clara à Charlotte pour rendre cette-dernière jalouse. Promettant à la première de revenir la voir plus tard, il s'incruste chez Charlotte et lui demande un baiser. Être attiré par une femme, s'en éloigner pour une autre, puis la retrouver ... Tel était le gimmick des Contes Moraux et sans nul doute, on le retrouve dans ce film, quand bien même la fin surprendrait.

Car oui, ici, une fois les baisers échangés. Charlotte, navrée, rappelle qu'elle n'aime pas Walter et vice-versa. La tristesse de la situation est totalement comprise quand on se remet dans le contexte du film.
Une bête histoire de fesses, voilà ce qu'est Charlotte et son steak. Il ne demande pas un baiser, il demande du sexe. Et derrière la banalité de la situation présenté on retrouve enfaite toute la symbolique d'une femme et de son amant, qui ne font que combler leurs solitudes par des rapports physiques passager.
Les dialogues sont d'ailleurs assez claire pour cela. On sent pertinemment le double sens totale de la scène.

Un dialogue qui respire d'ailleurs le Rohmer (dommage, j'aurais adoré avoir du Godard). On retrouve cette normalité, ce quotidien, cet ennuie, presque, des protagonistes, qui prennent leurs temps avant de parler, pesant longuement chaque mots avant de les prononcer.
Les cadrages ne sont pas aussi soignés qu'à l'avenir, même si, chez Rohmer, la construction de l'image n'est pas toujours une priorité. Mais on retrouve clairement le type de protagoniste et d'histoire qui feront sa marque de fabrique.
On notera la beauté d'Anne Coudret (dotée de la voix de Stéphane Audran) qui aurait gagnée à ne pas être oubliée par l'histoire.

Ce film, des débuts de Rohmer (son second seulement) marque déjà le talent du jeune réalisateur (âgé de 31 ans) dans ses idées, ses envies et ses thématiques. Il n'y a pas à s'étonner de voir que le film ne fut achevé que 9 ans plus tard, à l'aube des Six Contes Moraux, dont Charlotte et son steak apparait clairement comme un prototype.
mavhoc
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le 21 août 2014

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