Malgré un nombre évident de films qui auront été jugés décevants, il ne faudrait pas sous-estimer Rob Reiner. Il a été un grand nom du cinéma hollywoodien dans les années 1980, avec des films qui sont devenus des classiques. Spinal Tap, Stand by me, Quand Harry rencontre Sally ou Misery sont très différents et pourtant de beaux succès publics et critiques, de même que pour Princess Bride en 1987. Stand by me et Misery adaptaient l’oeuvre de Stephen King, Princess Bride est l’adaptation d’un roman de William Goldman, romancier et scénariste doublement oscarisé.
Princess Bride est un détournement de conte de fées, d’un ton badin. Il s’amuse, mais ne s’en moque pas. C’est la lecture de cette histoire à un petit garçon par son grand-père qui va en révéler la teneur. Le garçon est d’abord gêné par cette histoire qui s’annonce mielleuse, avant d’être conquis, comme le spectateur, par les aventures que les deux personnages vont vivre.
Il était une fois, dans un Moyen âge merveilleux, deux jeunes adultes, la belle Bouton d’or et le palefrenier Westley vivaient dans le pays de Florin. Tous deux vont s’avouer leurs sentiments, et ressentir un amour plus fort que la mort. C’est ce qui malheureusement semble attendre Westley, disparu en mer suite à une attaque de pirates. Cinq ans plus tard, Bouton d’or doit se marier avec le prince héritier, Humperdinck. Mais elle est enlevée par trois brigands, suivis par un mystérieux personnage masqué. Que d’attentions autour de cette jeune femme, résignée mais à qui il ne manque pas grand-chose pour retrouver sa flamme.
De péripéties, le film n’en manque pas, avec son lot de petites surprises. Une fois Bouton d’or retrouvée, l’homme masqué devra avec elle traverser une forêt mystérieuse ou s’échapper du château d’Humperdinck, celui-ci faisant preuve d’un courage plus que valeureux pour la protéger.
Malgré un rythme assez soutenu dans ce domaine, toujours prêt à nous émerveiller et nous amuser, Princess Bride est un film qui se dévoile doucement, car il offre une large place à ses personnages.
Les dialogues sont une part importante, ils sont finement écrits, pleins d’esprit. Westley est un jeune homme au sens de l’aventure prononcé, mais d’une grande poésie dans l’amour qu’il peut évoquer. Un certain nombre de personnages secondaires sont adorables et attachants, tels Inigo Montoya, fin épéiste et qui veut venger son père, ou son compère, Fezzik, un grand bonhomme, une brute au grand coeur.
Avec de tels compagnons, il faut toutefois regretter que la princesse promise soit parfois un peu pâlotte en comparaison, subissant plus qu’intervenant. C’est le cas de bon nombre de contes de fées impliquant un prince charmant, fût-il palefrenier ou déguisé en zorro, certes. Quelques passages montrent tout de même une certaine fierté et l’histoire d’amour qu’elle a vécu ou doit retrouver sont de beaux moments.
Investi par des acteurs impliqués, dont le sémillant Cary Elwes et bien d’autres, le film profite aussi d’une réalisation soignée, posée. Elle use le moins possible d’artifices, et rend encore mieux certaines scènes, dont celles d’escrimes, absolument bluffantes. Le film ne manque pas de charmes, notamment à cause de ses paysages anglais, dont le vert éblouissant et presqu’irréel est parfaitement rendu à l’écran.
Malicieux, bien écrit, toujours renouvelé, Princess Bride est un film charmant, qui mêle à son histoire de conte de fées aussi bien de la romance, de l’aventure, et de l’action. Il souffre parfois de scènes qui s’éternisent, mais le mal est assez plaisant à endurer, ne serait-ce que pour l’esprit et la vivacité de ses répliques.