Shadowchaser II
Shadowchaser II

Film DTV (direct-to-video) de John Eyres (1994)

On peut voir la chose de deux manières, à défaut de chercher à la regarder : comme la collision cinématographique de Die hard avec Terminator, ou comme une tentative de faire un film d’androïdes sans androïde. Arguments pour la première hypothèse : le héros malgré lui est alcoolique mais crédible physiquement quand tout se déroule au moment de Noël, le méchant camoufle un casse en activisme pour abattre un avion, tandis que rien n’arrête ledit méchant et que la blondasse imite Sarah Connor, sans oublier que la blondasse en question finit par calmer le T-800 bis et fait le lien avec le shérif au talkie-walkie. Arguments pour la seconde hypothèse : Frank Zagarino passe son temps à nous montrer ses pectoraux huilés ou sa coupe peroxydée, quand il ne grimace pas en faisant semblant de défourailler, et c’est seulement à la fin qu’un maquilleur a pensé grimer lesdits pectoraux de gris métallisé. Les chagrineurs pourraient relever qu’on voit ce qu’il voit de ses yeux robotisés, mais c’est rarement, et qu’on entend le bruit des moteurs qui le font marcher, mais c’est tout aussi rarement. Ils gagneraient plutôt à relever le soliloque du méchant numéro deux ou trois après la mort de sa comparse, car il prouve à quel point le métier de dialoguiste est vraiment trop déconsidéré depuis Michel Audiard : « Aaah… Euaah… Heinhein… » Sinon, il n’y a pas d’histoire au sens académique du terme, mais des gens qui s’agitent autour d’une bombe nucléaire d’un nouveau genre, et qui courent ou meurent dans les couloirs, quand ce n’est pas dans l’inévitable laboratoire ou le camp militaire. Mais plutôt que de se demander pourquoi les figurants et autres cascadeurs font toujours en sorte de gâcher leurs quinze secondes de gloire quand ils meurent, parce qu’ils cabotinent en langage des signes ou tentent le double salto avec vrille, on va poser la question qui aura brûlé les lèvres de tout spectateur attentif et cultivé : avec ce synthé mystérieux et cette flûte synthétique, le compositeur s’est-il consciemment inspiré de Michel Polnareff et de sa livraison pour La vengeance du serpent à plumes ?


Pour public averti (et qui pourrait aussi bien passer tout de suite à *Virtual assassin() : Project shadowchaser II (1994) de John Eyre (plus courageux mais moins avisé que George Lucas, puisqu’il aura réalisé lui-même les trois premiers épisodes de la shadow-licence), avec donc Frank Zagarino (il est très difficile de définir des degrés dans la médiocrité, mais les gens qui y voient clair et font des classements considèrent que le premier Shadowchaser est l’un de ses meilleurs films, ce qui veut dire que le deuxième est dispensable à tout le moins), et Daniel Bonjour dans le rôle du gamin en manque de père pour Noël (ce Monsieur Bonjour dira vite au revoir à sa carrière cinématographique, pour se refaire une santé dans les industries télévisuelle et vidéoludique)


Avis pubié pour la première fois sur AstéroFulgure

Adelme
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le 1 sept. 2021

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