Honnêtement, j'y allais à reculons, j'ai mis presque 10 ans à avoir envie de le voir, et le jour où je l'ai vu, je me suis dit "dommage de ne pas avoir essayé plus tôt". Passer derrière Psychose, plus de 20 ans après, comme par hasard sorti très peu de temps après la mort d’Alfred Hitchcock...


La voie prise par le film est très différente de l’intrigue du livre. Il faut dire qu’on peut imaginer des tonnes de nouvelles directions à l’histoire, plus ou moins inspirées. Norman s’enfuyant de l’asile. Norman libéré de l’asile. Norman allant s’installer ailleurs. De nouvelles révélations sur la mère de Norman. D’autres gens que Norman qui s’installent au Bates Motel ou à qui il arrive des bricoles. D’autres gens que Norman qui s’installent au Bates Motel et perdent aussi la raison… Bien sûr on peut se dire qu’il reste des choses à raconter. Encore faut-il que ce soit bien fait et qu’on ne tombe pas dans le Slasher ultra basique.


Dès le départ j’ai une certaine déception : Le film ouvre par la fameuse scène de la douche du premier épisode. La scène originale et en noir et blanc, la seule différence étant la musique légèrement réorchestrée pour l’occasion. Je m’interroge sur la pertinence de cette scène. Ou vous connaissez le film original et vous n’avez pas besoin du rappel, ou ce n’est pas le cas et, hors contexte, elle ne sert à rien (et quelle idée étrange ce serait de regarder le second avant l'original sinon pour se le faire spoiler dans tous les sens). De toute façon cette scène est une des plus connues de l’histoire du cinéma alors quel besoin de nous la resservir. Une fois la séquence conclue, on passe à vue extérieure du motel qui passe du noir et blanc à la couleur pour souligner les années qui ont passé.


Norman Bates est libéré après 22 ans, les médecins le considèrent comme guéri. Première bonne chose : Anthony Perkins reprend son rôle. On suit donc en début de film Bates qui essaie de se refaire une place dans la société. Vivre dans sa propre maison, avoir un job, des amis… et ce malgré les préjugés des gens.


Bates tient à revivre dans son ancienne maison, ce qui semble aberrant. Le médecin qui s’est occupé de son cas durant des années met d’ailleurs dans la bouche les objections du spectateur à ce sujet, comme une excuse du scénariste à cette facilité. Norman par contre travaille en dehors du motel dans un petit restaurant, et voit du monde pour l’occasion. Lors de ces scènes, ce film fait très ancré dans son époque question musique et technologie. (Waaah une borne d’arcade Pacman, trop tendance !) La musique de Jerry Goldsmith ne trompe pas non plus sur l’époque du film, très synthétique. Pas déplaisante mais rien à voir avec les compositions de Bernard Hermann.


Norman nous est présenté de manière à ce qu’on ait de la sympathie pour lui, il lui faut retrouver ses marques, lutter contre le passé qui pourrait ressurgir et, comme je l’ai dit plus haut, éventuellement subir les remarques sur son passés de quelques personnes. Au bout de quelques temps néanmoins, les meurtres reprennent. Le film choisit donc cette voie : « A-t-il rechuté ou quelqu'un tente t-il qu’on le croie ? » Derrière plus de twists et rebondissements que je ne l’aurais soupçonné, c’est un suspense Hitchcockien qui est privilégié.


Avec la sauce un peu remise au goût du jour. Car là où il y a tout de même un certain ton anxiogène qui est développé, si la psyché de Norman évolue au fur et à mesure du film, le film est plus violent que son prédécesseur. Deux décennies et plusieurs classiques du genre horrifique sont passées par là. On en voit plus, c'est plus gore… Ça m’a laissé partagé. Entre autres pour certains effets clairement ratés, qui pendant un moment faisaient osciller le film vers la catégorie série B, et une certaine surenchère vers la fin.


D’un autre côté ça a un côté outrancier assez jouissif et ils ont le bon goût de ne pas tomber dans le Jumpscare à outrance. La réalisation est assez classique malgré les références au travail de réalisation d’Hitchcock, comme ce moment avec un travelling compensé façon Sueurs Froides.


Globalement donc avec Perkins toujours parfait dans le rôle et un casting secondaire de qualité comme Vera Miles ou Dennis Franz, des passages osés et une histoire qui n’est pas trop prévisible, Psychose 2 reste une assez bonne suite. Loin du premier film oui, certains points peuvent dérouter voire décevoir, mais on peut parler de bonne surprise tant la crainte de voir un truc nullissime était légitime. Je le préfère nettement au remake inutile du premier film en 1998. (Non sérieux, le refaire plan par plan, quelle utilité ?) Bref, si vous avez aimé le premier, laissez-lui sa chance.

Régis_Moh
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le 7 août 2015

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The Reg

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