Tout d’abord il me semble logique de vous parler de mon état d’esprit avant de voir ce 3ème film. Non je n’attendais rien de Mahou Shoujo Madoka Magica 3 : Hangyaku no Monogatari. Ou plutôt je l’attendais beaucoup en tant que fan de Madoka mais pas en tant que fan de l’animé. Pourquoi ? C’est simple, la série se suffit à elle-même. En effet je voyais très mal un propos se greffer à cette fin que je ne considérais pas comme parfaite en elle-même mais parfaite pour conclure ce qu’on venait de vivre.

Par là il est intéressant de remarquer une chose. Ce troisième film n’est pas une suite, ce troisième film n’est pas quelque chose qui se raccroche à la série, ce troisième film, c’est la série. Car oui, ici toutes les questions trouvent plus ou moins réponse poussant le spectateur à se poser d'autres questions beaucoup plus profondes quant au sens de ce qu’il vient de voir. Rien de surprenant me direz-vous ? Et bien si ! Ce film, encore une fois, n’a pas été pensé après de la série mais bien pendant, quoiqu'en dise Urobuchi, il s’agit bel et bien d’une conclusion qui termine toute cette histoire, alors bien sûr quelques symboliques à la fin nous fait croire que ce n’est pas terminé néanmoins le mot « end » arrive à point nommé pour faire taire les quelques personnes qui étaient encore à se dire « il y aura forcément un quatrième film ».

La force même de ce que j'ai vu n’est pas forcément le scénario mais la force qu’il insuffle à la série. Il ne la réduit pas à un simple marque-page avant, il la prend par la main et la sublime. En sortant de la séance, j’aimais encore plus Madoka qu’avant, alors que c’est déjà mon animé préféré.

L’autre peur que j’avais c’était le simple fait qu’Urobuchi soit au scénario encore, car j’ai eu ma désillusion en regardant Psycho-Pass et son côté violent beaucoup trop présent à mon gout. Madoka bénéficiait d’une très bonne écriture, qui préparait le spectateur à ce qu’il allait voir mais le laissait quand même dans le doute. Ici l’effet est reproduit pour nous fournir ce qu’il y a de meilleur. Je vais toujours reprocher ce côté trop gentillet et beaucoup trop long au début, néanmoins nécessaire à la suite, mais plus j’y réfléchis, plus je me dis que ce début est en fait ultra logique. Pire s’il n’avait pas été là, il aurait manqué une partie au film.

Dans le même aspect, un point a été vraiment travaillé, il s’agit de la transition. Dans l’animé, l’épisode 3 était une claque, brusque et inattendue. Ici nous attendions forcément la claque, avide de mauvaises choses au bout de 30 minutes de film. Ce ne fut pas tout à fait le cas. Avant de passer du côté gentil au côté méchant, il y a tout un passage stressant, sublimé par les cuivres et les compositions de Kajiura, j’y reviendrai. Ce passage c’était le moment « trop calme » le moment où tu sais que le film va démarrer vraiment mais tu n’arrives pas à situer quand exactement. L’effet n’en est que meilleur, cette simple idée de faire monter une pression marche à merveille dans le film.

Je ne vais pas m’étendre beaucoup plus sur le scénario pour deux raisons : la première c’est qu’il me serait impossible de tout vous expliquer et que ça ne sert à rien de vous dire quinze fois que ce scénario déchire et se paie en plus le culot de faire un twist final qui m’a presque laissé comme un con sur mon siège. Et la deuxième raison c’est simplement parce que je n’ai pas envie de laisser échapper un spoil quelconque qui gâcherait le plaisir de ceux qui n’ont pas vu le film. Ce qu’il y a à retenir c’est que ce scénario est d’une réelle complexité, et pas d’une complexité simplement pour se vanter, c’est pas de la branlette ce qu’on regarde. Dans l’univers Madoka, c’est complètement logique et on aurait dû s’y attendre ne serait que par le lever de rideau au début et à la fin de l’animé. Quand bien même cette fin puisse décevoir en prenant ne serait-ce qu'un peu de recul on y voit la logique et surtout la fin de la quête du personnage principal. En tout cas je tire mon chapeau à Urobuchi et Shinbo car ils viennent de prouver que leur écriture est incroyablement bien distillée, fourbe et d’une cohérence presque absolue. Il est juste à noter quelques traits d’humour qui ne s’intègrent pas du tout à la scène dans laquelle ils sont inscrits.

On peut aussi revenir sur d’autres points, notamment la réalisation qui est vraiment à tomber par terre. Elle reprend allègrement celle de l’animé avec des tons vraiment jaunâtre et noirâtre mais ici le film se paie le luxe de nous présenter quelques décors vraiment inattendus, le tout servi par des plans vraiment magnifique qui mettent parfaitement en avant les qualités du film.

A cela il convient d’ajouter la mise en scène, je vais d’abord parler du terme simple, pas de la mise en scène au sens de Shinbo. Les plans de caméra rendent le film incroyablement bondissant quand il le faut, ne laissant aucune place à quelque chose qui ne serait pas réfléchi. Il y a notamment un combat dans le film qui est vraiment sublimé par sa mise en scène. L’accentuation des passages épiques marche, encore une fois, à merveille.

Bon maintenant parlons de Shinbo… Ce mec est un gros malade. En gros dès le début du film si on fait attention aux indices on peut se rendre compte du scénario, limite le film pourrait être muet qu’il raconterait autant de choses. Il y a un film dans le film, l’imagerie raconte quelque chose de beaucoup plus profond, la bobine de Freud comme simple exemple (ford-da) ou encore Jack Lantern, et je vous avoue que j’étais beaucoup plus en train de suivre le scénario que la mise en scène. Je ne veux pas faire un détail de toutes les symboliques du film, d’une part parce que ce serait prétentieux de ma part et d’autre part (beaucoup de part) parce que je pense très sincèrement que j’ai loupé beaucoup de choses et qu’un re-revisionnage du film s’impose.

Je ne dis pas ça pour une satisfaction personnelle, je le pense réellement, ce film est d’une profondeur incroyablement profonde (on creuse), je vais sûrement devoir regarder à nouveau la série puis ce troisième film pour noter certains détails. En tout cas ce qu’il faut savoir c’est qu’il y a une réelle cohérence entre le propos de la série et ce qu’il montre, contrairement à certains films s’amusent à nous montrer par la mise en scène qu’ils vont nous déboussoler. Ici ce n’est pas le cas, l’image sert le propos et même si les deux marchent ensemble main dans la main ce sont deux entités qui pourraient très bien être distinctes.

Bien sûr, toute cette imagerie est aidée par ma déesse à moi, Yuki Kajiura. Oui je suis un énorme fan et même si ici les compositions ne m’ont pas surprises, car certains étaient directement reprises de l’animé et les autres parfaitement dans son style musical, elles s’accordaient aux scènes. Il y a donc deux-trois musiques qui m’ont bien fait tilter pendant le film et les autres s’accordaient parfaitement à leur scène. Cela peut sembler dérisoire et normal comme ça, mais en fait la musique, sans en faire des tonnes, arrivent à faire ressortir l’ambiance qui est propre à Madoka, beaucoup de cuivres et de violons (qui sont en harmonie avec le thème central du film, la danse) mais aussi des chœurs de femmes et autres compositions dont on a l’habitude. Mais voilà aucun morceau ne m’aura marqué par rapport à la série qui avait Decretum et les deux films qui avaient She is a Witch.

On approche de la conclusion et je crois qu’il est temps de clarifier les choses. OUI ce troisième film est indispensable à la série ! Oui tout était pensé depuis le début, que ce soit le vrai nom de Kyubei qui trouve ici un sens ou même la fin de l’animé. Tout devient compréhensible grâce à une prouesse scénaristique merveilleusement bien amenée. Rarement des conclusions m’auront autant fait frissonner ou réfléchir, je repense ici rapidement à Cowboy Bebop, tout comme celle de Top wo Nerae, qui m’avait apporté leur lot d’émotion, la fin de Lain qui m’avait fait réfléchir ou encore la fin de Gurren Lagann qui m’a foutu des frissons. Ces dernières étaient parfaites dans ce qu’elles faisaient, la fin de Madoka excelle presque dans ces trois domaines.
Avec ce troisième film, Madoka passe clairement au panthéon faisant un doigt d’honneur depuis le tapis rouge à beaucoup de séries qui avaient tenté par la suite de reprendre ses codes ou encore son modèle d’écriture. En sortant de la séance je n’étais pas heureux, je n’étais pas triste mais je n’étais pas stone pour autant. Je savais que ce que je venais de voir je ne le reverrai pas de sitôt dans un autre animé et il est peut être là mon amour inconditionnel pour la série…
Je remets donc ici mes points positifs et négatifs qui, cette fois, trouvent un sens par ce que je viens de développer au dessus.

Les + :

- Une deuxième partie de film monstrueuse
- Une vraie justesse d’écriture
- Un twist final qui laisse bouche-bée
- Ce n'est pas un film qui se raccroche à l'histoire, ce film fait parti de l'histoire de Madoka et fait tout revoir sous un angle différent
- Une réalisation incroyable
- La mise en scène qui ne laisse rien au hasard
- La symbolique ultra présente dans le film et pas simplement là pour la branlette
- Les compositions qui accompagnent parfaitement leurs scènes

Les - :

- Le début vraiment lent quoique justifié
- Quelques phrases qui pètent l’ambiance du moment.

Et comme vous le savez sûrement, Being Meguca is suffering
Ray
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le 13 avr. 2014

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Ray

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