Sorti en 2012, Pursuit of loneliness écope d'une distribution française tardive, ce qui fut aussi le cas du premier film de son réalisateur, De l'autre côté de la porte. On y retrouve surtout la même approche stylistique, cette manière de mêler documentaire et fiction dans un noir et blanc superbe.


Laurence Trush, cinéaste britannique installé à Los Angeles, suit ici des parcours qui se croisent. Le quotidien d'un hôpital de la ville se connecte à celui des services sociaux et du bureau du curateur. Une femme âgée est décédée et ne semble avoir aucun proche, un homme souffrant d'Alzheimer va bientôt être transféré dans une maison de repos, un autre est mort. Alors qu'on suit presque à rebours le quotidien de Cynthia Ratsch avant sa mort, une enquêtrice lui cherche une famille, le film déroulant en parallèle deux temporalités différentes.


La narration combine captation documentaire et progression dramatique dans un mouvement de va et vient subtil et limpide. C'est ainsi, par exemple, qu'est énoncée la définition du Syndrome de Diogène (accumulation compulsive) avant que le spectateur puis l'enquêtrice en découvrent la teneur. S'il est question d'une sorte d'autopsie de la solitude, l'humanisme des équipes soignantes et des travailleurs sociaux nuance un constat qui pourrait être désespérant.


Aussi, malgré un sujet douloureux, le film est curieusement d'une grande douceur. Cela est également dû à un travail sonore qui dose proximité et éloignement dans une savante gestion des volumes et des silences. Même travail également pour l'image au cadre graphique et au noir et blanc riche de subtils tons clairs.


Le sentiment général est celui d'une mélancolie un peu désabusée mais pas désespérée. Plaçant la nature humaine au cœur de son film, privilégiant une approche artistique rigoureuse et soignée, Laurence Trush filme les solitudes du monde contemporain avec un regard particulièrement original.

pierreAfeu
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le 8 mars 2016

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