Les rues de Trieste
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Film intérieur et tourmenté, traversé par la Bora (vent houleux de la région) comme par la folie, habité par le fantôme insaisissable de l'amour parmi une Trieste très solitaire, Senilità aborde l'amour et ses affres sous un point de vue tragique – qui est celui d'Italo Svevo, écrivain italien auteur du roman éponyme, très moderne moralement et esthétiquement pour l'époque, ayant inspiré ce film.
La magnifique photographie de Nanuzzi, l'éclairage ainsi que la mise en scène de l'esthète cinéaste Bolognini définissent formellement - à travers les appartements clos, les cages d'escaliers vertigineuses, la profusion de miroirs où se dédoublent les corps, les reflets asymétriques, le parc plongé dans une pénombre solitaire et silencieuse, les ombres fuyantes courant sur les murs, le tramways strident, ... - le cadre où Emilio Brentani, le protagoniste, mais aussi Amalia, sa sœur, s'égarent intérieurement et se réfugient parmi un moi en proie au doute. Outre le grand soin apporté à l'image et aux espaces comme supports métaphoriques du drame personnel vécu par ces personnages, la partition musicale - ici plus classique que jazzy - très cohérente de Piccioni épouse parfaitement leurs va-et-vient mentaux.
Certaines scènes sont mémorables, comme celle où l'excellente Betsy Blair (Amalia dans le film), immuable vieille fille bourgeoise, soudain prise par le virus foudroyant de l'amour sans espoir, se défait, délirante, dans sa chambre comme s'il s'agissait de sa prison mentale, face à la glace; ou encore celle de la recherche désespérée d'Emilio dans la ville déserte et indifférente, guettant la présence d'Angiolani (la déjà sulfureuse Claudia Cardinale) comme la solution à son irrésolution sentimentale maladive.
A déplorer toutefois la bande-son en mauvais état - les sons off n'existant presque pas - et les monologues intérieurs du narrateur interne, trop écrits et à la limite du pathétique, donnant une certaine lourdeur à un personnage se fuyant constamment, n'osant finalement jamais se regarder en face, ni même les autres.
Créée
le 18 févr. 2018
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