Quand la ville dort, le vice danse
Dix Hanley est un voyou costaud mais accro aux jeux ; Gus Minissi est un barman bossu ; Louis Ciavelli est un père de famille champion de perçage ; Cobby est un bookmaker un peu trop gourmand ; Alonzo Emmerich est un avocat véreux. Ces hommes vont être réunis par Erwin Riedenschneider, évadé de prison et as du cambriolage, pour réaliser un gros coup avant de s'évaporer à l'étranger.
Ce qui est vraiment surprenant avec ce film, c'est qu'il fait le choix de ne représenter ses personnages dans tout ce qu'ils ont de laid et de mauvais, sans pour autant porter un jugement moralisateur sur eux, puisqu'au final aucun de ces personnages n'est rattrapé par la justice ou par le destin mais entraîne leur propre perte. Ce parti pris est annoncé dès le début avec la première scène entre Sterling Hayden et Jean Hagen: le premier est odieux et agressif alors que la seconde est une femme naïve et soumise. Dès le début Hagen, retire littéralement toute illusion de beauté (les faux cils) et on comprend qu'on aura affaire à des héros au sombre destin.
Si le film est considéré comme le précurseur du "films de casse" (ou "film de cambriolage") le casse en lui-même n'est que le catalyseur de tous les événements qui frapperont les personnages. Le cambriolage n'est pas si dur, sa préparation est vite expédiée et son exécution dure une dizaine de minutes. Mais voilà, il y a la cupidité des hommes, l'avidité, la méfiance... autant de grains de sable qui viennent se loger dans les rouages et entraînera l'inexorable perte des héros. Est-ce une victoire pour la justice? Non, elle n'a rien à faire là-dedans mais on ne manquera pas de la féliciter quand même.
On finit par noter la première apparition de Marylin Monroe dans un rôle de "premier plan". Elle n'a que 3 scènes mais elle y rayonne comme jamais (ou comme toujours). 10 ans plus tard elle retrouvera le réalisateur pour son dernier films, Les Désaxés.