Dix Hanley est un voyou costaud mais accro aux jeux ; Gus Minissi est un barman bossu ; Louis Ciavelli est un père de famille champion de perçage ; Cobby est un bookmaker un peu trop gourmand ; Alonzo Emmerich est un avocat véreux. Ces hommes vont être réunis par Erwin Riedenschneider, évadé de prison et as du cambriolage, pour réaliser un gros coup avant de s'évaporer à l'étranger.

Ce qui est vraiment surprenant avec ce film, c'est qu'il fait le choix de ne représenter ses personnages dans tout ce qu'ils ont de laid et de mauvais, sans pour autant porter un jugement moralisateur sur eux, puisqu'au final aucun de ces personnages n'est rattrapé par la justice ou par le destin mais entraîne leur propre perte. Ce parti pris est annoncé dès le début avec la première scène entre Sterling Hayden et Jean Hagen: le premier est odieux et agressif alors que la seconde est une femme naïve et soumise. Dès le début Hagen, retire littéralement toute illusion de beauté (les faux cils) et on comprend qu'on aura affaire à des héros au sombre destin.

Si le film est considéré comme le précurseur du "films de casse" (ou "film de cambriolage") le casse en lui-même n'est que le catalyseur de tous les événements qui frapperont les personnages. Le cambriolage n'est pas si dur, sa préparation est vite expédiée et son exécution dure une dizaine de minutes. Mais voilà, il y a la cupidité des hommes, l'avidité, la méfiance... autant de grains de sable qui viennent se loger dans les rouages et entraînera l'inexorable perte des héros. Est-ce une victoire pour la justice? Non, elle n'a rien à faire là-dedans mais on ne manquera pas de la féliciter quand même.

On finit par noter la première apparition de Marylin Monroe dans un rôle de "premier plan". Elle n'a que 3 scènes mais elle y rayonne comme jamais (ou comme toujours). 10 ans plus tard elle retrouvera le réalisateur pour son dernier films, Les Désaxés.
LeJezza

Écrit par

Critique lue 284 fois

3

D'autres avis sur Quand la ville dort

Quand la ville dort
DjeeVanCleef
10

Et les vies dansent

Dans la pure tradition du Film Noir, John Huston façonne The Asphalt Jungle par touches, en prenant garde de n’oublier jamais l’ombre où naissent et grossissent les peurs. Bien aidé, il est vrai, par...

le 1 janv. 2018

40 j'aime

7

Quand la ville dort
Sergent_Pepper
8

Black to the future

Le film noir est pourtant rodé depuis une bonne décennie lorsque sort le film de John Huston, qui a contribué à sa naissance avec son premier coup de maître, Le Faucon Maltais. Le revoir revenir au...

le 9 nov. 2018

37 j'aime

Quand la ville dort
SanFelice
10

We all work for our vice

Généralement, c'est au cinéaste John Huston que l'on attribue tout ou partie de la paternité du film noir, d'abord comme scénariste (pour La Grande Evasion, High Sierra en VO, de Raoul Walsh) puis...

le 16 mars 2019

33 j'aime

14

Du même critique

7 Psychopathes
LeJezza
8

No shoot-outs? That sounds like the stupidest ending

Je donne à 7 Psychopathes un overrated 8, mais je l'assume totalement. Déjà, j'avais pas envie de mettre 7 parce que le film s'appelle 7 Psychopathes (argument totalement merdique puisque j'ai mis 7...

le 4 févr. 2013

33 j'aime

The Corner
LeJezza
9

Donner un visage et une voix à ceux qui n'ont plus rien

Malheureusement, l'histoire a voulu que le vrai DeAndre (qui interprète Lamar, le garde du corps de Mouzone dans The Wire) meurt l'année dernière d'une overdose...

le 30 oct. 2013

21 j'aime

JSA - Joint Security Area
LeJezza
9

Before Old Boy

Bien avant sa trilogie de "vigilente" avec son fameux Old Boy connu de tous qui témoigne parfaitement du style virtuose de Park Chan-Wook, le réalisateur coréen avait fait JSA, Joint Security Area...

le 6 juin 2012

15 j'aime