Quand siffle la dernière balle laisse un drôle d'arrière-goût en bouche. Mené par une équipe vieillissante (Henry Hathaway pour son dernier film et Gregory Peck en fin de carrière), il manque souvent de punch et se gâche par ses caricatures et ses erreurs de ton. Nous seront ainsi présentés des méchants très méchants, un anti-héros des plus héroïques, ainsi qu'une bande d'hommes de mains pas fûts fûts dont la version française laissera pantois.


Profondément agaçants, mauvais acteurs, ils rendent le visionnage pénible, et c'est d'autant plus catastrophique qu'ils occupent une grande place dans l'intrigue, puisqu'ils servent à remplacer l'absence de l'antagoniste; violeurs, meurtriers, on se surprend à vouloir les voir se faire plumer la raie par l'autre vieux Peck, pas bien inspiré pour cette "performance" dont on ne retiendra que des regards durs forcés, et l'absence de dynamisme de ce héros du cinéma hélas trop loin de ses succès originaux.


Heureusement, ce film longuet, bavard et peu plaisant visuellement, se rattrapera avec cette dernière demi-heure intéressante, efficace et sans prise de tête, qui assume enfin sa personnalité de film primaire, de série b d'un genre en voie d'extinction. C'est grâce à ce passage qu'on se remet à l'apprécier, alors que le film ne tente plus de lorgner du côté d'un Leone ou d'un Eastwood, et qu'il accepte ses clichés et son pathos, sans plus chercher à recopier ceux des autres.


Musiques peu inspirées, répétitives et sans ampleur, dialogues bourrins, simplets et convaincus de rendre les personnages durs à cuire, manichéisme de bas étage, acteurs à la ramasse, tant d'éléments qui font qu'on se demande ce qu'on aime finalement dans ce film; le "règlement de compte" ultime, à la limite, alternative à la Vengeance aux deux visages de Brando, et qui pose une révision jouissive d'un exercice de tir morbide, seule scène où l'on ressent le désir qu'à le héros de se venger.


On comprend alors que c'est le réalisme des tirs et de leurs bruitages qui rend le film finalement si intéressant; s'il est mauvais pour poser ses décors (qui sonnent affreusement plats, sans relief de mise en scène) et ses personnages, si ses dialogues forcés rendent sa première heure bavarde et sans grand intérêt, le soin qu'Hathaway apporte aux scènes d'action sauve son film qui, s'il n'amènera aucune nouvelle perspective de réflexion autour du western, offrira au spectateur une oeuvre intéressante de manière rétrospective, quand on connaît sa conclusion.

Créée

le 5 mars 2019

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FloBerne

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