Lorsque l'on va voir un film avec un sujet comme celui-ci, on a toujours des aprioris. Eh oui, là Cheyenne Carron traite d'un sujet très sensible en relatant les derniers jours du père Jacques Hamel, assassiné dans son église par un jeune islamiste. Ah bah oui, un sujet comme celui-là, ça calme tout de suite, surtout qu'on n'est pas dans de l'action à la Jimenez et que ça laisse donc plus de place à des dialogues qui peuvent potentiellement s'avérer problématiques. Mais on se demande surtout comment ce sujet va être traité.

Et après une scène d'introduction avec une tirade des plus mièvres, on reste un peu sur nos gardes en se demandant si tout le film ne va être comme ça. Et c'est un peu le cas pour quelques scènes qui vont suivre avec un discours assez manichéen : le père est mis en scène comme étant le parfait catholique, en hébergeant même des sans-abris qu'il trouve sur le bord de la route !

Effectivement, malgré l'authenticité des acteurs qui peuvent même parfois faire penser à un épisode de "Strip-Tease", j'ai trouvé la première partie avec le prêtre un peu longuette, c'est très cathocentré forcément avec le film qui montre le prêtre soigner les maux de tout le monde quand il ne joue pas au psy avec un gay ; enfin, ça donne un peu l'impression que c'est une retranscription fantasmée de sa vie (même si c'est également important de dresser cette image du prêtre gentil et sans défense pour obtenir une fin d'autant plus frappante, parlante et violente).

Et puis le film devient de plus en plus intéressant en laissant justement tomber ce manichéisme avec la seconde partie. Car oui, le film est divisé en deux : le point de vue du prêtre puis celui de l'islamiste. Et c'est franchement très bien rendu car, dans le premier point de vue, des questions, encore une fois, pas faciles à traiter ni à entendre d'ailleurs, sont posées comme celle de pardonner ou non un acte d'une telle violence et d'une telle barbarie et puis dans la seconde, on passe à des conversations entre l'islamiste, sa mère et sa sœur qui sont, encore une fois très intéressantes.

Eh oui car les deux femmes ne sont pas islamistes, simplement religieuses, ce qu'a du mal à accepter l'adolescent qui va très vite monter en pression mais surtout s'embringuer lui-même dans un mouvement qui va très vite le dépasser. Ce qui est vraiment intéressant, c'est que le film montre l'endoctrinement mais avant tout par soi-même, comment peut-on tomber aussi bas en se bourrant le crâne avec des idées aussi réactionnaires, débiles mais surtout dangereuses.

Et puis enfin, j'ai également beaucoup apprécié la manière dont a été retranscrit l'attentat en question, le film évite de tomber dans les écueils du voyeurisme en privilégiant encore une fois les dialogues.

Si "Que notre joie demeure" n'est donc pas un film évident à écrire, ce n'est pas non plus un film évident à regarder mais reste quand même très important et mérite d'être vu !

Shawn777
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le 24 avr. 2024

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