Un film poignant sur le deuil
Quelques minutes avant minuit, je n’en avais même pas entendu parler. Que ce soit lors de la sortie du roman ou même encore son adaptation en film. Par hasard, en regardant la programmation ciné de la semaine, je tombe dessus et, en lisant simplement son synopsis, en découvrant l’affiche aussi féérique qu’intrigante, me décide à aller le voir au cinéma. Quelle surprise, quelle émotion, quelle histoire, quel travail incroyable sur les répliques, le visuel, le coté philosophique et psychologique si puissant, quel casting d’acteurs talentueux et authentiques, quelles musiques, quelle mise en scène.
Quelques minutes avant minuit, c’est ce genre de film que l’on n’avait pas vu venir et qui nous touche si fort au cœur et dans notre esprit, qu’on se dit que parfois, le hasard fait bien les choses. La claque de ce début d’année, un incontournable du genre, une réinvention du genre. Préparez-vous à être transporté dans une histoire qui vous marquera à vie.
Les thèmes abordés sont dur, comme ce que j’ai retenu de ce film. Mais là où il y a de la dureté, il y a du réalisme et donc, du questionnement. A la fois une bouffée d’air frais, à la fois tellement bouleversant que vous verserez quelques larmes, Quelques minutes après minuit, c’est la plus belle des leçons de courage. Comment appréhender les drames de la vie ? Comment accepter l’inacceptable ? Ce film, il est à conseiller à tous, même aux enfants âgés d’au moins 10/12 ans. Ces derniers, tout comme les adultes, en apprendront beaucoup.
Le deuil, se sentir invisible aux yeux des autres, apprendre à gérer sa souffrance et sa colère, le dialogue entre les parents et les enfants, surmonter les épreuves, grandir, autant d’éléments auxquels enfants et parents sont confrontés, restant parfois vis-à-vis d’eux, impuissants. Un bon moyen d’apprendre, une façon plus intime et différente de traiter le sujet : grandir.
Du coup, Quelques minutes avant minuit, avec son histoire qui ne respire pas vraiment la joie, il va avoir dans son collimateur les plus sensibles mais aussi les durs à cuire et/ou les cœurs de pierre sans jamais exagérer dans ses scènes, sans jamais tomber dans la mièvrerie ou le mélodrame. C’est sentimental, oui, mais pas du mauvais sentimental.
La créativité sous son meilleur jour
L’histoire est exceptionnelle, le casting aussi, et le reste ? Vous vous rappelez de la première fois où un film vous a ET bouleversé par l’aura qu’il dégageait, ET par son esthétisme ? Quelques minutes après minuit, il m’a fait retomber en enfance. La période où un film pouvait m’éblouir tout en me faisant faire parfois des cauchemars (Beetlejuice par exemple). Avec Quelques minutes après minuit, j’ai comme redécouvert sous un nouveau jour le cinéma. Juan Antonio Bayona, digne successeur de Steven Spielberg (je parle du réalisateur à ces débuts) ? Quelle créativité ! Une déclaration d’amour au fantastique et au féérique ? Ca se pourrait bien.
Déjà la construction du générique qui s’amuse avec des taches de peintures formant des paysages, des personnages, puis la combinaison prise de vue réelle à effets numérique pour créer l’imposant physique de l’If qui détruit tout sur son passage lorsqu’il bouge, ça créé son petit effet. La gestuelle de l’arbre, ses expressions, ça sonne plus vrai que nature. Quelques minutes après minuit lorgne beaucoup sur l’ambiance gothique. Pas vraiment du Tim Burton, mais ça s’en rapproche. Pas étonnant que l’on soit émerveillé et effrayé à la fois.
Soyez rassuré, ce n’est pas un film qui fait peur. L’If racontant des histoires de quelques minutes, ces dernières sont réalisées, illustrées de la plus belle des manières : des séquences animées peintes à la main, comme celles que l’on pourrait retrouver dans un roman. Parce qu’en plus, Quelques minutes après minuit c’est le retour en fanfare de l’originalité, du jamais vu au cinéma. Du pur génie je vous dis. Pour couronner le tout, ce film amène pas mal de questionnement : pourquoi le monstre est apparut ? Est-il réel ? C’est très ambigu (mais pas si complexe qu’il n’y parait), et c’est ce qui fonctionne, permettant au spectateur de rester attentif du début jusqu’à la fin et ce, même si coté rythmique, le film pourrait paraitre long.
« J’ai peur. Évidemment que tu as peur. Mais tu y arriveras ».
Au final, Quelques minutes après minuit est une claque que personne n’avait vu venir. Mi-effrayant, Mi-poétique, Mi-féérique, Mi-épique, ce film qui joue beaucoup avec les métaphores, risque bien de vous marquer à vie. Mon film coup de cœur avec You’re Name. 2017 commence fort !