Désunions Européennes

Sur un coup de tête, Matthias, ouvrier dans un abattoir allemand, retourne dans son village en Roumanie. En le suivant, c’est tout le pays que Mungiu va documenter.

Le passionnant débat dans la salle des fêtes à la fin du film, dont le réalisateur a l’intelligence de nous laisser profiter sans couper ni bouger sa caméra, résume en 20 minutes de discours ce que les deux heures précédentes ont imagé.

L’Union Européenne n’est qu’une vaste idée, dont l’idéalisme est incarné par le français travaillant dans une ONG recensant les ours de la région. La dirigeante de l’entreprise faisant venir les trois travailleurs sri-lankais semble défendre davantage ces étrangers en tant qu'outils à bon prix permettant de toucher en plus des subventions européennes, qu’en tant qu’hommes cherchant une vie meilleure. Enfin, les habitants habités d’une vulgaire xénophobie mettent en avant un évident manque de réflexion en s’attaquant aux trois immigrés quand eux-mêmes partent pour la plupart travailler en Hongrie ou en Allemagne où les salaires sont plus élevés. Le point commun à tous ces personnages est la défense d'un intérêt économique, base des autres problématiques (de racisme ou de tolérance).

Tout comme le film commence lorsque Matthias se fait insulter de gitan par son supérieur allemand, Cristian Mungiu nous montre l’impasse de la volonté d’une union dans une Europe libérale inégalement appauvrie.

Nous sommes tous le tzigane d’un plus riche. L’Europe sera socialiste ou ne sera pas.