Petit lézard deviendra grand
Vu pendant les vacances de Noël, Rango s'avère être un petit bijou d'animation, une pépite remplie de référence au cinéma, d'humour et de personnages extravagants comme il est trop rare de voir dernièrement. Gore Verbinsky nous offre un très bon spectacle, malheureusement sans succès au box office mondial ; la faute à un anti conformisme assumé et mal reçu par des jeunes spectateurs en quête de blagues potaches à la Shrek.
On est à la fois loin et très proche de Pirates des Caraïbes. Loin car d'un point de vue technique, Gore Verbinsky passe du cinéma traditionnel à l'animation assistée par ordinateur et proche par l'univers somme toute relativement semblable aux pirates loufoques qu'il a pu mettre en scène. La patte du réalisateur est là : on rigole, les personnages sont tous plus dingues les uns que les autres et l'histoire d'un héros solitaire et plus ridicule qu'autre chose amènent à une comparaison forcée. Seulement, il n'y a pas redite et c'est tant mieux. Des références aux westerns spaghettis et à d'autres œuvres reconnues comme Las Vegas Parano permettent au spectateur adulte de s'amuser à chercher tous les détails cachés pouvant lui rappeler des moments de grand cinéma et donc d'apprécier le film. D'autant plus qu'on ose ici tuer des personnages et insérer une certaine cruauté dans le caractère des personnages : fini le monde des Bisounours, on est bel et bien dans l'Ouest lointain et la mort est au rendez-vous.
Il est important de noter cet anti conformisme si on peut l'appeler comme ça. Produit par une des majors hollywoodiennes, le film s'amuse à changer les habitudes, à rompre avec des codes devenus trop prévisibles et si le happy-ending est bien là, il n'arrive pas comme un cheveu sur la soupe et n'est pas forcément prévisible. Rango est donc un lézard rêvant d'aventures se retrouvant par accident dans le désert aride et propulsé Shérif d'une bourgade sans envergure et surtout sans eau. Que faire donc pour remédier à la situation ? Une histoire pleine de rebondissements et de trahisons, de réactions idiotes et pourtant tellement drôle vient s'ajouter à une animation irréprochable proche de la qualité de l'assez récent Dragons et permet donc de passer un très bon moment devant l'écran. A voir en haute définition, adultes et enfants peuvent se retrouver devant ce film familial avant tout même si quelques pointes d'acidité viennent le ponctuer.
Si le film peut parfois pêcher par quelques petites longueurs dues à l'amplitude des situations à mettre en place, le tout est vite rattrapé par des scènes d'action impressionnantes, basées pour le coup sur la surenchère mais qu'à cela ne tienne, on prend son pied et on en redemande. Si économiquement, le film n'a pas rempli ses objectifs, d'un point de vue purement cinéphilique, Gore Verbinsky a bien fait de s'éloigner de la vieillissante saga qui la rendu célèbre pour s'attaquer à un projet plus personnel malgré tout ce qu'on peut penser de l'industrie qui l'a produite. Conviendra aux plus petits comme aux plus grands.
