Rashomon est le premier film japonais que j'ai vu. Bon en vrai c'est Battle Royale lorsque j'étais adolescent mais c'est plus classe de dire que c'est Rashomon et comme j'ai très peu de souvenirs de Battle Royale ce n'est pas tout à fait faux. Après le premier visionnage je trouvais ce film très bon, bien que trop lent, et je n'étais pas totalement acclimaté au jeu atypique des acteurs japonais. Entre temps j'ai vu de nombreux films japonais, et de nombreux films tout court… Après l'avoir revu trois fois je suis arrivé à la conclusion que ce film est un chef d’œuvre.

Sur le fond Kurosawa nous parle autant du mensonge et du vice que de l'interprétation et de la perception. Un bucheron ayant été témoin d'un meurtre se retrouve bloqué par la tempête dans un temple à marmonner sur ce qu'il a entendu au procès. Il est accompagné par un bonze et ce qui ressemble à un vagabond qui l'écoutent raconter son histoire, et la commentent avec des opinions totalement opposées sur la nature humaine. La naïveté du bonze et le cynisme du vagabond font d'eux le petit diable et le petit ange qu'on retrouve sur les épaules des gens qui doutent dans les cartoons du siècle dernier. Alors que les témoignages sont de plus en plus contradictoires il n'y a ici pas de juge, pas d'avocat… Seul le spectateur est juge. S'il est aisé à la fin du film de considérer la version contée par le bucheron comme la plus proche de la réalité il est très difficile d'accuser les autres protagonistes de menteurs.
Sur la forme, et ça m'avait échappé la première fois, tout est parfait. Que ce soit la musique empruntant par moment au Boléro de Ravel, la photographie magnifique (particulièrement en forêt) ou les plans idéalement cadrés c'est un sans faute.
Coté acteur il est difficile de ne pas parler de Toshiro Mifune qui joue à la perfection un personnage qu'il reprendra partiellement dans les 7 samouraïs. Il est accompagné par des habitués de Kurosawa, à savoir Takashi Shimura, le vrai personnage principal du film, et Minoru Chiaki, second rôle toujours au top.
ecnal
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le 19 déc. 2012

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