C'est en découvrant l'oeuvre de Kaneto Shindo : "Kuroneko" ou "Black Cat" que j'eu le présentiment qu'il me fallait voir Rashomon de Kurosawa dont je ne connais que peu de films encore.

L'oeuvre n'est en rien comparable à celle qui m'inspira cette découverte indispensable : Ce sont deux ouvrages dont le seul point commun est cette fameuse porte de "Rashōmon ou Esprits."
Kuroneko émerveille par son sublime surréalisme, mais reste de ce fait une oeuvre de forme avant tout.
Rashōmon est un film phare dans sa réalisation mais aussi par la force qui s'en dégage.

Cette oeuvre du Maitre nous livre un proces de l'Homme, des Japonais en particulier face à un juge invisible... En 1950 le Japon se défait tout juste de la censure de l'occupant et met en place en 1949 un comité d'éthique national. (sous le regard de ce dernier, quand même)

Ombre et lumière, pluie et soleil... Ces forces antagonistes mais systémiques sont nombreuses et illustrent la difficulté d'appréhender le réel mais surtout de sa cohérence.

Un meurtre, doublé d'un viol sur l'épouse du malheureux. Trois témoignages discordants dont celui de la victime exprimé via une shamane... (J'aime)

De sa représentation la plus expressive, Kurosawa nous livre un regard sur les faiblesses de l'homme, il ne désigne pas le mensonge comme l'objet de son regard, mais plutot comme un moyen d'acceptation d'une réalité qu'il nous est plus facile de travestir et qui de ce fait devient de moins en moins tangible dans l'absolu.

A travers le prisme d'un triangle relationnel, Kurosawa dresse 3 portraits assez justes de l'Homme de la Femme et des vices de formes, quant à leur nature basique et leurs relations dans un contexte dramatique et fabulatoire à souhait.
On y retrouve finalement la même synthèse que chez Ophüls.

Du plus vil de ses retranchements l'homme a une conscience suffisemment instinctive pour comprendre que la réalité n'est finalement pas si importante, qu'il restera dans la mémoire non pas des fragments de vérité, mais seulement des représentations de celle-ci.
Puisque l'homme privilégiera toujours le pourquoi au comment.

Un must have à réserver pour votre collection car l'oeuvre est aussi un précurseur de la future Nouvelle vague.
Silence
10
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Créée

le 17 juil. 2013

Modifiée

le 20 juil. 2013

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Silence

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