Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.

L'univers oscille quelque part entre Dune et Star Wars, et on aurait pu avoir un sympathique film de science-fiction, mais une fois de plus, il manque le plus important : une bonne histoire. Malheureusement, Snyder, au même titre que le reste d'Hollywood, oublie qu'une débauche de moyens ne comblera jamais un scénario paresseux. Et là, il n'est pas paresseux, il est dans un coma inférieur à 3 sur l'échelle de Glasgow, avec des électroencéphalogrammes plus plats que la personnalité de ses protagonistes.


Commençons par le positif, ça nous changera et ça ne prendra pas longtemps : les visuels, les décors, la photographie et les acteurs sont de niveau correct. Voilà, c'est dit, on peut maintenant passer aux choses sérieuses. D'ailleurs, je ne jugerai pas ce film sur le doublage parce que ce n'est pas la faute de l'équipe d'origine - enfin si, ils auraient pu se payer mieux, mais bon, quand on voit le budget alloué au scénario, on comprend qu'il ne restait plus grand-chose pour les détails.


Les effets spéciaux clinquent comme il faut, certes, mais c'est un peu comme admirer la carrosserie rutilante d'une Ferrari dont le moteur a été remplacé par un hamster asthmatique. On en prend plein les yeux pendant les dix premières minutes, puis on réalise rapidement qu'on nous sert du spectacle pour masquer un vide sidéral. Snyder maîtrise l'art de faire du beau, personne ne le conteste, mais apparemment, demander en plus une intrigue cohérente, c'est comme exiger qu'un fast-food serve de la haute gastronomie.


Mais le scénario, par pitié ! Engagez des gens qui savent écrire... Non, pas "des gens qui savent BIEN écrire", juste des gens qui ne font pas une suite de tropes et de poncifs saupoudrés de clichés ! Tu as envie de raconter une histoire dans un univers cool que tu as imaginé mais tu n'as pas d'histoire ? Engage un type capable d'en écrire une ! C'est pourtant pas sorcier, on a des siècles de littérature et de cinéma derrière nous pour s'inspirer.


Au lieu de ça, on nous pond un récit qui donne l'impression d'avoir été écrit par une intelligence artificielle nourrie exclusivement aux blockbusters les plus convenus des vingt dernières années. Chaque rebondissement se devine trois actes à l'avance, chaque dialogue sonne comme s'il sortait d'un générateur automatique de phrases creuses, et l'arc narratif principal suit une trajectoire si prévisible qu'on pourrait programmer un GPS dessus.


Ça nous aurait évité, en vrac : le méchant sans motivation autre que "je suis méchant parce que le script l'exige", le traître qu'on repère dès la deuxième seconde (et encore, la première était occupée par le générique), les personnages creux comme des cloches de Pâques - mais en moins festifs -, les dialogues téléphonés avec plus de débit que de substance, le récit en ligne droite qui fait du TGV Paris-Marseille un parcours d'aventurier, et j'en passe des vertes et des pas mûres.


Les protagonistes de "Rebel Moon : Part.1 Enfant du Feu" évoluent avec la subtilité d’un marteau-piqueur dans une bibliothèque. On nous sert une galerie d’archétypes tellement usés qu’on se demande s’ils n’ont pas été récupérés dans la benne à clichés du cinéma des années 80 :

Kora, l’héroïne torturée au passé mystérieux, qui passe son temps à froncer les sourcils en découvrant sa destinée (bâillement), Gunnar, le brave fermier candide qui découvre la guerre comme un enfant découvre le feu (re-bâillement), Nemesis, la guerrière cyborg aussi froide que ses dialogues sont plats, et Titus, le général déchu qui fait office de mentor fatigué, condamné à sortir trois phrases de sagesse avant de disparaître (bâillement puissance trois).

Chacun débite ses répliques avec la conviction d’un automate mal programmé, à mi-chemin entre le récital de poésie d’un élève de CE2 et une pub pour céréales sans gluten. Impossible de s’attacher à ces coquilles vides qui confondent profondeur et mutisme, et dont la seule évolution consiste à changer de costume entre deux explosions.


Le développement de ces personnages suit une courbe d'apprentissage si plate qu'elle défie les lois de la physique narrative. Pas d'évolution, pas de nuance, pas de surprise : juste des pantins articulés qui bougent de point A vers point B en débitant des platitudes sur le courage, l'amitié et la résistance. On a vu plus de profondeur psychologique dans un épisode de Télétubies.


Quand je pense que de jeunes cinéastes galèrent pour faire financer leurs projets et qu'on crame plus de 80 millions de dollars dans ce torche-cul ! Et il y a une suite en plus... Saint Arthur C. Clarke, priez pour nous, parce qu'apparemment, l'industrie du cinéma a décidé de transformer la science-fiction en machine à laver le cerveau du public.


Ce budget pharaonique aurait pu financer une vingtaine de films indépendants créatifs, ou permettre à des réalisateurs talentueux de concrétiser leurs visions sans compromis. Mais non, on préfère balancer des millions dans un projet qui ressemble à un clip publicitaire de deux heures pour une marque de voitures spatiales inexistante.


Au final, ce film illustre parfaitement tout ce qui ne va pas dans le cinéma contemporain de divertissement : des moyens colossaux mis au service d'une imagination rachitique, une débauche technique pour masquer une paresse créative, et surtout, le mépris total pour l'intelligence du spectateur. Snyder nous démontre encore une fois qu'il est possible de créer quelque chose de visuellement impressionnant tout en vidant complètement le cerveau de son public.


La suite annoncée promet d'être du même acabit : encore plus de spectacle, encore moins de substance, et probablement un budget encore plus délirant pour un résultat tout aussi navrant. Décidément, certains ne comprendront jamais que le cinéma, même de divertissement, mérite mieux que cette masturbation industrielle déguisée en épopée spatiale.

YannDecombaz
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le 2 juin 2025

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YannDécombaz

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