John Huston adapte en 1967 le roman "Reflets dans un œil d'or" de Carson McCullers. Un titre envoutant qui pique immédiatement la curiosité, d'autant plus que le film parle d'homosexualité, qui plus est représentée dans un contexte certes un peu plus large d'esprit (qu'une décennie plus tôt par exemple) mais tout de même toujours très conservateur et en plus représentée par Marlon Brando, modèle de virilité pour beaucoup. Bon, dès qu'on parle de gays, on ne s'étonnera pas qu'Elizabeth - The Queen - Taylor traine dans le coin et c'est une très bonne chose puisque, comme à son habitude, elle se donne corps et âme pour son personnage au ton joyeusement hystérique (mot que je n’emploie pas dans un sens péjoratif et plus précisément misogyne).
De plus, la mise en scène est certes académique mais nous réserve tout de même de très beaux plans, notamment celui du quai de la gare enveloppé par la fumée de la locomotive (bien que je précise que je n'ai pas vu le film dans sa version dorée initialement voulue par le réalisateur). Bref, que de bonnes choses, non ? Oui, mais le hic, c'est que l'on s'ennuie beaucoup !
Tous les personnages sont frustrés ou ont des désirs inavouables : le colonel a des vues sur le nouveau soldat qui a lui-même des vues sur la femme du colonel qui trompe son mari avec son voisin dont la femme traumatisée depuis la naissance de son enfant trouve refuge auprès de son majordome homosexuel.
On a un sacré tableau là du coup, surtout encore une fois pour les années 60 et nous pouvons en plus relever une excellente réplique du colonel concernant les carrés dans des ronds (ceux qui auront la ref, vous comprendrez) qui, plus sérieusement, est sacrément provocatrice encore une fois pour l'époque et le contexte de production : nous ne sommes plus vraiment dans le Classic Hollywood, le cinéma est d'ailleurs en pleine mutation vers la contre-culture lancée l'année suivante avec "Easy Rider", période du cinéma américain que l'on pourrait comparer avec la Nouvelle Vague, mais on reste quand même sur un super-production de major avec un casting important.
Bref, un film se situant entre deux époques, voulant provoquer un peu mais pas trop et qui ne raconte au final pas grand-chose. Eh oui, certes beaucoup de non-dits passent par des silences qui en disent longs (logique) mais on a surtout l'impression que les personnages stagnent dans leurs frustrations. Et sur deux heures, c'est long !
"Reflets dans un œil d'or" est donc loin d'être inintéressant mais à force d'être trop subtil, on ne raconte plus grand-chose.