S’il est sublime esthétiquement, Gilles Bourdos proposant un style de caméra unique, toujours en mouvement, nous plongeant avec synesthésie dans le calme de ce peintre retiré, son Renoir au pluriel se perd un peu par la suite. Certes il est solidement porté par le trop rare Vincent Rottiers, mais sa partenaire de jeu, la candide et fraîche Christa Théret peine à convaincre, minaudant souvent et jonglant mal avec les émotions changeantes et violentes de son personnage torturé. De plus, si les couleurs orangées de la Provence sont restituées à merveille (cela tombe bien, pour un film qui traite de peinture), les décors d’époques font souvent vides et manquent réellement d’ampleur (notamment dans la scène au bordel, ou les quelques figurants peinent à combler l’espace…). C’est dommage car avec des personnages si intéressants (le peintre torturé par ses fils si différents, le fils qui deviendra l’un des maîtres du 7° art, la jeune modèle effarouchée…) on aurait pu éviter l’ennui qui s’installe peu à peu et gâche ce si beau film en puissance…