Je savais que je pénétrais en territoire miné en appuyant sur play. Un film sorti en direct DVD, ce n'est un gage de sécurité. En même temps ce fut le cas pour la Bataille de Brest-Litovsk qui, ma fois, m'avait finalement apporté un bon moment. Oui mais voilà, ce film était russe. Là, c'est du US. TF1 video vente "le meilleur film de Christian Bale" ... Ouch, ça fait peur. On sent venir le choc car, le meilleur Bale non sorti au cinoche, on a du mal à y croire. Tant pis, j'y vais car :
1 - Werner Herzog.
2 - Christian Bale (oui, quand même).
3 - un film sur le Vietnam demeure intéressant, même si le sujet a étérefait, vu et revu ... on se demande quand même ce qu'on va pouvoir apprendre.
4 - Un film avec des Zincs dont un sacré Skyraider à moins de 2 euros, je craque. C'est pavlovien.
Pour être honnête j'ai failli arrêter le film au bout de 20 minutes. Le début est catastrophique. dialogues foireux, Bale inconsistant au possible, effets spéciaux calamiteux, avec de belles séquences aériennes mêlant image de synthèse et maquette old school, ça pique les yeux. Quitte à être fauché comme les blés, Herzog aurait pu faire comme dans les 30 première secondes du film : utiliser des séquences d'époque, la guerre du Vietnam n'est pas si lointaine. Au fois nous aurait-il épargné la sensation assez désagréable d'être devant un épisode de supercopter. Le summum du ridicule ? Une volée de roquettes ... larguées. Par définition une roquette utilise une propulsion, sinon on appellerait ça une bombe. Même fauché, on tape Skyraider sur le net et on tombe vite sur ça :
http://static.ddmcdn.com/gif/pg-fire-skyraiders-622x453.jpg
Bref, un désastre. Bale se fait descendre (au passage sans avoir eu le temps de larguer son napalm, la classe, car il aurait dû dans le crash finir totalement grillé), tente de partir, se fait avoir - normal c'est le principe du film - est mené dans un mini camps, rencontre ses potes d'infortune après avoir souri à tout le monde ... je veux dire aux Vietcongs. Bale est toujours aussi "gentil", donc quasiment niait (eh, vous me détachez, j'ai envie d'aller aux toilettes !), les autres prisonniers sont déjà un poil plus convaincants mais, franchement, je transpire d'effroi.
Et puis, petit à petit, je commence à rentrer dedans. Enfin, je résiste. Le plan se met en place. La galerie de perso devient un poil plus intéressante même si dans ce camps point de tension (merci la sic pleine de platitude), point d'enfer comme on pouvait s'y attendre après avoir vu Voyage au bout de l'enfer ou les apocalyptiques aventures du colonel Braddock. On va me sortir que les américains ont beau jeu et que les Viets sont des salauds ; en même temps le principe ici est de narrer l'histoire d'un pilote abattu en territoire ennemi et que oui, les Viets qui capturaient des pilotes étaient souvent monstrueux avec eux. Ce n'est pas un jugement mais un constat : la guerre c'est moche et ça tue. Et puis si on cherche un peu, ces civils qui crachent et éructent, montrent de façon indirecte les atrocités commises par les troupes de l'oncle sam ...
Enfin, une heure est passée à se demander où est passé le maitre qui a livré Aguirre ou Nosferatu. Soudain, la musique change : on est à deux doigts du plagiat d'un thème de Zimmer dans la Ligne Rouge : j'en suis certain, j'ai la chair de poule naissante. Evasion. Jungle. Descente aux enfers sous des torrents de flotte et de boue. Folie grandissante. On y est. C'est bien un film que je regarde. Séquence de très bon niveau qui s'achève par le sauvetage du pilote. On s'y attendait, c'est le récit d'une histoire vrai. La fin est pompeuse ? Non. Comment reprocher à un équipage de fêter de le retour du pilote au bercail ? Le soldat Ryan a fait bien pire en fin patriotique sans intérêt ; ici au moins ça tient la route.
Fin de la séquence. Un moment étrange ; une demi-heure catastrophique, une autre bien plate puis, enfin, le décollage. C'est autant une purge absolue qu'une bonne virée aux tréfonds de la jungle prédatrices. Petit à petit, on monte pour voir un coin de ciel bleu ... ça y est, je tiens mon titre : en fait, c'est une allégorie de la Divine Comédie !
