Resurrection ou hallucination(s)?

La vie rangée de Margaret se retrouve bousculée par le retour de David, qui revient avec les horreurs du passé de Margaret...

Resurrection est un drame fantastique hystérique américain (?) d'Andrew Semans sorti en VOD en 2022.

Resurrection est un film vraiment mal foutu.

Pendant 20 minutes, le réalisateur Andrew Semans nous montre une executive woman, mère d'une ado qui couche régulièrement avec un de ses collègues de bureau et mène une vie sans histoire. De par ses fonctions professionnelles en lien avec la psychologie et la thérapie, elle reçoit même parfois des patientes maltraitées qui se plaignent des humiliations que leur font subir leurs conjoints et qu'elle encourage à se rebiffer.

Un jour, elle reconnait dans un lieu public David, son ex, qui l'a tant manipulée et fait souffrir il y a 20 ans. Resurrection bascule alors dans le drame et l'irrationnel. Rebecca Hall perd tout contrôle, court dans tous les sens avec les yeux écarquillés...un peu comme Dans la proie d'une ombre....qui ne m'avait pas trop convaincu non plus.

Partant de là, tout son univers bien réglé de femme moderne indépendante s'écroule. Crises de panique au travail, elle raconte, y compris à sa "patiente victime" préférée, les horreurs que David lui a fait subir il y a 20 ans et projette même de le tuer (ce qui est déontologiquement limite, vous en conviendrez...).

Face à elle, le dit David est interprété par un Tim Roth toujours aussi apathique, on a du mal à l'imaginer en tant que manipulateur assassin cannibale à la queue fourchue, tel qu'elle le décrit.

Le film se termine dans une chambre d'hôtel où Margaret finit par ouvrir le ventre de son ex pour y retrouver son bébé intact que David aurait mangé il y a 20 ans (?), n'abandonnant que 2 doigts de l'enfant sur la table de la cuisine. Même Rebecca Hall déclare dans une interview que "la scène finale est sortie de l'imagination de son personnage mais que ce n'est pas cela qui est important"....déclaration métaphorique qui vient se heurter à mon réalisme cartésien de mâle caucasien toxique de plus de 50 ans.

Le problème principal de Resurrection est que l'on a du mal à prendre le film au sérieux. Rebecca Hall est en crise d'expressionnisme constant bien que le film ne soit pas muet, elle est tellement grimaçante et excessive qu'on se demande si elle n'est pas "bonne à enfermer". Le supplice dure tout de même 104 minutes, c'est long pour un film qui m'a juste fait douter de l'équilibre mental de son héroine du début à la fin.

Ceux qui ont aimé Men devraient aimer Resurrection, le même genre de script tendance
débouchant sur les mêmes excès (Body horror, hystérie...ce qui constitue un gros clin d'oeil à ce que fait David Cronenberg depuis quelques années) et portant quasiment le même message politique sur la toxicité masculine en l'absence de véritable trame fictionnelle.

A titre personnel, j'estime que ce n'est pas le rôle d'un réalisateur de laisser libre cours à l'imagination du spectateur sans fixer un cadre, cela n'a rien d'innovant, c'est de la fainéantise....

Trailervf

Ma note: 4/10