Il y a des jours où, quand on se risque à découvrir des films qui sentent le bon gros navet à peine déterré d'un champ asphyxié au glyphosate, on fini par se retrouver devant des trucs complètement improbables, aussi hallucinants que profondément bêtes.


J'ai beau apprécier et mettre en valeur les films de Walter HILL, certainement un cinéaste très sous-estimé dans le domaine du cinéma d'action (à qui on a tendance à préférer désormais d'anciens chorégraphes de cascades sans le moindre point de vue de mise en scène)


Mais il faut reconnaître que depuis les années 2000, notre bonhomme a pris un sacré coup de vieux, à l'image d'autres grands noms du cinéma de genre (que se soit DE PALMA, CARPENTER, ou ARGENTO), son dernier film THE ASSIGNMENT sera sans doute le dernier d'une filmographie depuis plus de 40 ans, et c'est franchement triste vu le ridicule achevé du bouzin.


Rien que le pitch est ridicule ! Michelle RODRIGUEZ est... un homme ! Un homme barbu, viril avec du poil sur le torse ! Pour le prouver, Walter HILL le/la filmera à poil, le chibre à l'air alors que Michel(le) sort de sa douche (le film nous en servira pas mal de la nudité gratuite)


Mais en plus d'être un mâle alpha, qui tire la gueule et grogne comme un homme, Michel(le) est un dangereux tueur à gages qui se retrouvera à exécuter le frère cocaïnomane du dénommé "Docteur"... interprétée par Sigourney WEAVER !


Pas de bol, Sigourney WEAVER est le genre de Docteur aux méthodes un brin douteuses, car elle est spécialisée dans les opérations de changement de sexe ! Elle va utiliser ses talents pour kidnapper Michel(le), lui raser la barbe et le torse et lui ajouter une belle poitrine (et retirer son gourdin bien entendu) !


Ne supportant pas cette nouvelle condition, Michel(le) va donc... se venger en tuant tout le monde...


THE ASSIGNMENT est un projet sur lequel Walter HILL travaillait depuis de nombreuses années. Après en avoir même fait une bande dessinée du nom de CORPS & ÂME, le voilà qu'il l'adapte en film avec l'aide du producteur Saïd BEN SAÏD, capable de chapeauter les meilleurs projets de nos cinéastes pré-retraités préférés (ELLE de VERHOEVEN) comme du pire (PASSION de DE PALMA)


Sans surprise, on est dans le pire du pire ici. On est même dans le turbo-nanar, d'une maladresse achevée autant dans le récit, le montage que la mise en scène. Car malgré un pitch prometteur et original (la thématique de la transidentité dans un film d'action viril, l'occasion de proposer un film aux contrastes forts !), jamais Michel(le) n'évolue face au rapport qu'elle a avec son corps : Pendant tout le film, il/elle a les boules (enfin, plus vraiment mais on se comprend), il/elle n'assume pas, se planque les seins avec de la grosse bande adhésive, et jamais il/elle n'acceptera sa nouvelle condition. Jamais il/elle apprendra à vivre avec, à découvrir une nouvelle façon de voir les choses. Il/elle ne vivra jamais ce désespoir ou cette dépression dû au fait qu'il/elle n'a plus d'emprise sur son propre corps. Il n'y a juste RIEN ! Le film se termine ainsi avec un énorme goût d'inachevé ! Alors ouais, il/elle s'est vengé(e), mais quid de son évolution psychologique ?


De plus, le film a l'immense maladresse d'éclater la temporalité en deux et de proposer tout un arc narratif où Sigourney WEAVER, emprisonnée dans un asile, discute (et paraphrase) sur tout ce qui se déroule durant le film avec un autre médecin interprété par le sympathique Tony SHALHOUB (l'acteur de la série MONK). On se retrouve avec des situations complètement débiles où SHALHOUB en vient à discuter sur la supposée vie sexuelle de WEAVER, avec montage lourdingue à l'appui (oui, t'as des plans de deux secondes où WEAVER baise, sans raison)


Enfin, vu qu'à la base, c'est une BD, Walter HILL va nous foutre des effets de type freeze frame se transformant en cases de BD. C'est juste hyper ringard autant que mal dessiné. Ca se veut cool, mais encore une fois, n'est pas Edgar WRIGHT qui veut, là c'est juste grossier et ça fait vraiment "papy boomer qui essaye d'impressionner la génération smartphone"


Aussi fascinant que purement malaisant, porté par le jeu sans aucune nuance de Michel(le) RODRIGUEZ qui tire une tronche pas possible durant 1h30, forçant comme un(e) malade sur sa voix grave (au point où ses "fuck" sont amplifiés et saturés au mixage, c'est dégueulasse), je vous recommande quand même de mater ce machin franchement pas possible, au moins pour vous surprendre alors que l'industrie du cinéma hollywoodien est aussi peu inspirée qu'aseptisée.


Un énorme nanar qui prendra certainement de la bouteille avec le temps ! C'est juste hyper triste de se dire que ça sera sans doute le dernier film de l'immense carrière de Walter HILL...

BLOODY-COUNT
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le 9 avr. 2021

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