Qui a cramé la pellicule ?

C'est la question que je me suis posée en plissant les yeux devant l'éclat de la photographie qui surprend, tout du moins, dans le premier tiers du film.
Cet éclat désigne deux choses : tout d'abord la lumière exagérée qui donne à ce premier tiers une allure de pub pour dentifrice mais aussi la manière brillante dont la photographie a été réalisée. Parce que l'on pardonne cet effet de surbrillance, qui nous rappelle l'aspect "conte" du film et justifie des aspects trop forcés de la mise en scène. Et à côté de ça, on peut profiter d'une réalisation impeccable, qui m'a bien plus happée dans le long-métrage que l'histoire qui, il faut bien l'avouer, ne casse pas trois pattes à un canard boiteux. Celle-ci, purement tragique, transpire l'eau de rose et le cyanure par tous les pores. Seulement, elle est portée par des acteurs toujours justes (de grands noms, d'ailleurs, que je ne m'attendais pas à retrouver ici) qui s'agitent devant une caméra qui sait où elle va. La lumière, quand elle est dosée normalement, sublime très bien la majesté dramatique des décors ou des déplacements. Et si la musique, plutôt bonne même si excédentaire parfois, ne vous donne pas la migraine au bout d'une demi-heure parce que quand même, il faut aimer les machines à écrire, alors vous découvrirez un conte désespérant qui vous sert les tares humaines sur un plateau : hypocrisie, malveillance, guerre, déviances sexuelles, snobisme, et j'en passe. Mais, je vous ai dit que la réalisation est superbe ?