Quand Sadako rencontre Carrie

Ring 0 clôture une trilogie qui ne me laissera pas un souvenir impérissable. Après le moyen Ring, puis le soporifique Ring 2, on retourne aux origines de Sadako avec un nouveau réalisateur Norio Tsuruta, à la place d'Hideo Nakata et on ne va pas vraiment gagner au change.

Sadako Yamamura est le fil rouge de cette trilogie. Elle avait été mise un peu de côté dans le second volet, alors elle revient en force dans un baroud d'honneur peu convaincant. Son histoire est devenue tellement incohérente, qu'on pouvait s'attendre à une remise en perspective du personnage, tout en espérant avoir des réponses sur ses origines et découvrir l'identité de son père.

L'introduction n'est pas très encourageante. Une jeune fille est au téléphone, parlant de la fameuse cassette, alors que la caméra se balance dans tout les sens, en mettant l'arrière plan dans le flou, avec un montage rythmé, plus proche d'un teenage movie. D'un coup, on se retrouve 30 plus tôt avec Sadako évoluant au sein d'une troupe théâtrale. La réalisation s'est calmée, le grain de l'image donne un ton vieillot à l'histoire et on se demande pourquoi on débarque durant cette période et pas plus tôt. Ils avaient peut-être en tête un Ring : La naissance du mal ou Ring : Ma mère cette folle au regard flippant. Peu importe, on va faire avec et de toute façon, on a pas trop le choix.

Déjà que le premier film s'éloignait du roman de Koji Suzuki, tout comme sa suite. Ce troisième volet se détache des films précédents, mais aussi des livres. Il fait sa propre vie et surfe sur le seul nom de Sadako, même s'il va se servir de quelques éléments, comme son passage dans une compagnie théâtrale. Cela lorgne furieusement du côté de Carrie et se transforme en un massacre grandeur nature lors d'un final à nouveau lamentable, comme dans l'opus précédent.

Sadako est interprétée par la sublime Yukie Nakama. Elle prête sa beauté et fragilité à cette jeune fille constamment présentée comme un être hostile. Elle est jalousée par les autres jeunes femmes, ignorée par certains hommes et courtisée par d'autres qui sont animés par des intentions malveillantes. Elle est rejetée, jugée mais tout de même aimer par un jeune éphèbe à l'air naïf. Il en découle une romance à l'eau de rose avec l'aide de Cupidon plantant une flèche dans le cœur de chacun, sauf que cela va un peu faire mal à l'un des deux. Pour ne pas arranger son cas, des morts suspectes ont eu lieu depuis son arrivée et elle devient la coupable idéale, à tort? Est-elle gentille ou méchante? Victime ou agresseuse? Et si finalement, elle n'était que le fruit d'une société usant de la violence à la moindre occasion, en devenant juge et bourreau.

On se pose des questions existentielles sur Sadako, surtout parce qu'on est sous son charme. Le problème, c'est qu'autour d'elle, les autres personnages n'ont aucun reliefs. De plus, la réalisation de Norio Tsuruta est plate et le scénario ne met pas à profit les intéressantes idées, qu'il semblait vouloir développer. Résultat, on s'ennuie royalement et la dualité du personnage est à peine effleuré, tel la tentative d'en faire une bienfaitrice soignant les malades grâce à ses mains, avant de se transformer en un être démoniaque à cause de la peur primitive s'emparant des autres membres de la troupe de théâtre. Cependant, elle encaisse super bien les coups, avant de se retrouver au fond du puits. Elle est en osmose avec le film, qui touche aussi le fond.

Cette trilogie est un immense gâchis et la version US; qui partait pourtant très bien; s'est aussi ratée. Les romans de Koji Suzuki sont plus captivants, même s'il part aussi dans tout les sens. Finalement, l'idée était excellente, tout comme le personnage de Sadako, mais personne n'a su exploité son immense potentiel. Elle a tout de même sa place aux coté des Freddy Krueger, Jason Voorhees, Michael Myers et autres icônes du cinéma d'épouvante.