le 13 nov. 2025
La mort de l'enfance
J'ai pu voir ce film en salle grâce au festival Films Femmes Méditerranée au cinéma l'Alhambra à Marseille. C'est le premier film de Paz Vega qui est une actrice, maintenant réalisatrice, à la...
Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.
J'ai pu voir ce film en salle grâce au festival Films Femmes Méditerranée au cinéma l'Alhambra à Marseille. C'est le premier film de Paz Vega qui est une actrice, maintenant réalisatrice, à la carrière bien remplie. Elle y joue d'ailleurs la mère de Rita (le personnage principal), qui nous fait le portrait d'une famille espagnole de classe populaire dans la ville de Séville, au travers des yeux de la petite fille, qui voit son quotidien ternie par l'attitude machiste atroce de son père.
C'est un film qui mets en valeur le regard de ceux qu'on extériorise, les enfants. La frustration dans le cinéma et dans l'art en général de mettre le regard moyen à hauteur de celui de l'homme moyen, et non pas de la femme, des personnes âgées, ou des enfants, est ici complètement balayé au profit d'un vrai point de vue qui inclus et comprends l'enfant dans un foyer ou il n'est ni inclus ni compris.
Rita est une petite fille qui est incombée de bien trop grandes responsabilités, à un bien trop jeune âge. S'occuper de son frère, s'occuper de sa mère, réussir à vivre avec un père violent et égoïste, devoir faire la table, la vaisselle, ranger la maison, tandis que son frère, certes victime du même malheur, subit totalement la situation dans une timidité et une panique quasi-constante. C'est à elle de faire tenir la famille, à 7 ans.
La mise en scène mets en valeur une idée, celle d'aider, celle d'arrêter d'ignorer, d'arrêter de subir. Prendre en main une situation qu'on ne veut pas vivre.
La caméra, toujours basse, toujours suffocante (comme dans le bus où Rita demande à sa mère, clairement épuisée en train d'être agressée par un homme collée à elle, de se mettre contre la vitre pour se sentir mieux. Elle sacrifie un espace déjà restreint pour que sa mère puisse continuer a subvenir à leurs besoin, ce n'est pas une note d'empathie, c'est de la survie sociale.) Lorsque sa mère commence à parler et à donner des signes qu'elle veut mettre fin à cette situation, qu'elle veut se séparer, seule Rita le comprends, seule Rita l'entends, les autres ignorent les signes. Mais se séparer de son mari dans les années 80 en Espagne, c'est un suicide social, tout le monde vous méprise, dans votre soi-disant égoïsme à l'égard de votre famille, de vos enfants et de votre mari aimant. La preuve est, qu'un personnage, une voisine, mère célibataire avec un seule petit garçon pour famille (qui soit-dit-en-passant incarne la lueur d'espoir du film, l'histoire d'amour entre Rita et ce garçon triste est vraiment belle, vraiment pleine d'empathie, de rires et d'amour.) est une femme méprisée, par toute la famille de Rita, même par sa mère, qui sait pertinemment qu'en se séparant de son mari, elle subira les mêmes railleries.
Les scènes concernant la grand-mère de Rita sont aussi très belles. Rita aime sa grand-mère et la grand-mère aime sa petite fille. Lorsqu'elle décède, c'est le début de la mort de l'enfance qui se signe pour Rita. Sa maman pleure beaucoup, dans les quelques moments de solitude qu'elle peut s'accorder, elle pleure pour sa mère à elle, et Rita la conforte en parlant du fait qu'elle lui avait dit qu'elle veillerais maintenant sur elles, c'est bien sa mère qui a parlé du fait qu'elle était maintenant un ange qui les protègerais pour toujours.
Les rêves sont aussi un véritable sujet dans ce film, Rita rêve d'aller à la plage, Lolo (le frère de Rita) veut une bicyclette, et prie à l'église avec la plus grande foi qu'il peut donner pour recevoir ce cadeau, le garçon amoureux veut retrouver son père, la mère de Rita voudrait une cabane à la plage. Et tout ces rêves surviennent parce que ce sont des choses qui leurs sont inaccessibles et/ou interdites.
La scène finale, est un point cathartique de tout les questionnements du film. Meurtre, séparation, renouveau, espoir et désespoir ce mélange dans un double évènement tragique.
C'est à ce moment la que Rita cesse définitivement d'être une enfant.
Créée
le 13 nov. 2025
Critique lue 7 fois
le 13 nov. 2025
J'ai pu voir ce film en salle grâce au festival Films Femmes Méditerranée au cinéma l'Alhambra à Marseille. C'est le premier film de Paz Vega qui est une actrice, maintenant réalisatrice, à la...
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