Il ne faut pas vendre la peau du Boa avant de l'avoir tué

Acclamé par le public, encensé par la critique, Rocky premier du nom est un véritable raz de marée. Avec son budget rachitique d'un million de dollars il en rapporte plus de 220 millions à l’international. Le film croule sous les récompenses dont celles prestigieuses de l'oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur. Sylvester Stallone passe de l'ombre à la lumière en un instant. Dans la foulée il met en route une séquelle dont les rênes lui sont cette fois confiées par le duo de producteurs Irwin Winkler et Robert Chartoff, déjà à l’œuvre sur le premier opus. Ils ont l'intelligence de ne pas se précipiter, laissant trois années s'écouler entre les deux épisodes de la saga. Pour tisser un lien temporel entre la fin du premier Rocky et le début du second, Stallone va intégrer le combat final précédent au début de son nouveau film. Il met ainsi en place une vraie continuité pour ses personnages et son univers, faisant fi du temps réel. A l'image des séries, la progression scénaristique se poursuit sans à-coup, transformant le parcours de Rocky en véritable odyssée.


Après un affrontement titanesque de quinze rounds, où aucun des deux n'a cédé, Rocky et Apollo Creed se retrouvent hospitalisés plusieurs semaines. Tels des gladiateurs des temps modernes ils pansent leur blessures et commencent à se respecter mutuellement. Une nouvelle vie attend Rocky à sa sortie. Sollicité de toutes parts, que ce soit par des commerciaux ou des marques, il répond par l'affirmative afin de vivre pleinement cette nouvelle vie qui s'offre à lui. Cependant, incapable de déclamer ses lignes lors d'un tournage pour un parfum où il se ridiculise en homme des cavernes en cage, il déchante rapidement. Ayant claqué l'argent gagné grâce à son combat en dépenses ostentatoires (nouvelle voiture, montre hors de prix, appartement …), et après avoir promis à Adrian de ne plus remonter sur le ring, il se retrouve à la case départ. Employé par l'abattoir local, Rocky retourne dans l'anonymat. Impossible de ne pas faire le lien avec la soudaine réussite de Stallone qui le déboussola, le perdit dans ce nouveau star-system auquel il ne sut comment s'intégrer. Son alter-ego filmique a perdu le sens que la boxe avait donné à sa vie. Incapable d'être une égérie du marketing, mais profondément déprimé par le dur labeur quotidien, il est tiraillé entre sa promesse et le feu qui sommeille en lui.


Ce second opus étoffe le personnage d'Adrian. Timide et réservée, elle contrebalance désormais les choix de Rocky. Elle apparaît comme calme et réfléchie, posée et intelligente, faisant face au trop plein d'émotions de son homme, à sa personnalité d'écorché vif. Le cœur et l'esprit ne font plus qu'un. Après des désaccords et une grossesse qui a manqué de la tuer, le couple se retrouve, se ressoude. Adrian comprend que la boxe est la raison d'être de Rocky, que malgré sa peur elle doit le laisser pratiquer son sport, sans quoi il ne sera plus lui-même. Il est temps de remonter sur le ring, d'affronter un Creed obnubilé par sa défaite, ne supportant pas les louanges accordées à son rival. Le sous-titre « La Revanche » du titre français est plus malin qu'il n'y paraît. Il évoque autant la revanche que prendra Rocky sur Creed, celle qu'il prend sur la vie mais également celle que souhaite prendre Creed sur le philadelphien. Rarement un ajout français n'aura été aussi pertinent.


Il est désormais nécessaire pour Rocky de retrouver une forme olympique en vue du combat final. Et Stallone de nous rejouer la session d'entraînement sur fond de musique à la gloire de son héros. Mais la notoriété du boxeur a grandement changé en quelques mois, passant d'anonyme à espoir de sa discipline. Cette évolution est superbement mis en scène lors de la course dans les rues de Philadelphie, ou à contrario du premier opus, seul et isolé, Rocky est désormais entouré d'une foule en liesse, qui l'applaudit à son passage et le suivra même jusqu'au sommet des marches du Philadelphia Museum of Art. Héros plus populaire que jamais, guidant le peuple, il est dorénavant la voix de milliers (millions ?) d'anonymes.


Plus long, plus stylisé, typique de la suite bigger and louder, le combat final a nécessité à lui seul 45 jours de tournage. Stallone devra retourner sur la table d'opération pour des fractures et une remise en place des intestins. Mais la douleur s'avère payante, le combat gagne en intensité, jusqu'à ces ralentis somptueux où tels des colosses aux pieds d'argile les combattants s'effondrent dans les cordes. Apollo ne se relèvera pas, et perd son combat face à Rocky. Cette fois c'est une victoire sans contestation possible, et la première d'une longue série. Telles les deux faces d'une même pièce, les opus inauguraux de la saga s'imbriquent pour former un diptyque cohérent, où les actions du premier provoquent les conséquences du second, toujours emballé dans un style seventies typique de son époque. Désormais champion du monde poids lourds, où s'arrêtera Rocky ?

PowerSlave7
6
Écrit par

Créée

le 28 nov. 2023

Critique lue 26 fois

1 j'aime

6 commentaires

PowerSlave7

Écrit par

Critique lue 26 fois

1
6

D'autres avis sur Rocky II - La Revanche

Rocky II - La Revanche
doc_ki
10

OH bal ! au balboa ohé ohé...il ne peut pas s'arrêter, ohé, ohé..de boxer, boxer, boxer

Bonsoir et bienvenue sur ma critique rapide de Rocky 2; la revanche; le film préféré de ceux qui ont des gros nénez. Des gros nénez qui pissent le sang tel un sparring partner et pas des gros nénés...

le 9 déc. 2020

27 j'aime

27

Rocky II - La Revanche
Docteur_Jivago
7

Lord of the Ring

Cet opus réalisé par Sly himself commence directement là où finissait le premier. Rocky et Appolo Creed viennent à bout de ces quinze rounds épuisants où Creed est déclaré vainqueur par les juges...

le 10 août 2014

27 j'aime

2

Rocky II - La Revanche
Plume231
6

Rocky... c'est pas le même film ???... ah non, il y a un "II" derrière !!!

On va pas se voiler la face, ce deuxième volet de la mythique saga Rocky est juste un quasi copié-collé du premier. La seule différence majeure, c'est que notre cher boxeur parti, ou plutôt revenu,...

le 26 janv. 2016

12 j'aime

Du même critique

Mort ou vif
PowerSlave7
7

Ash au pays des cow-boys

Bien que délaissé à les fins des années 60 aux Etats-Unis, le western reste un genre légendaire auquel de nombreux réalisateurs se sont à nouveaux frottés durant les nineties (Impitoyable du vieux...

le 14 févr. 2016

6 j'aime

Hell House LLC
PowerSlave7
6

Les Clowns tueurs venus d'ta cave

La première partie de la décennie 2010 c'est l'âge d'or du found-footage. Dans la lancée du succès pharaonique connu par Paranormal Activity, les producteurs avides de rentabilité vont essorer un...

le 29 mars 2024

4 j'aime

Le Cercle infernal
PowerSlave7
7

Le Cercle des enfants disparus

Grand cru que l'année 1977 pour le cinéma fantastique. Ce fantastique qui misait avant tout sur le mystère, des décors imposants et sa musique pour créer une ambiance à la fois envoûtante et...

le 22 sept. 2023

4 j'aime