Room 237
6.1
Room 237

Documentaire de Rodney Ascher (2012)

C'est fou ce qu'est capable de produire sur l'individu une certaine forme d'ennui profond. Mais si, vous savez, cette entité étrange qui vous pousse à vous poser devant un épisode de "Louis la brocante" ou, pire, à faire la vaisselle. Visiblement au chômage, certains individus (dont des gens très sérieux qui disent des trucs vachement profond) ont poussé le vice jusqu'à se mater "Shining" (le classique de Kubrick avec un ascenseur atteint de menstruation sévèrement corsée) en boucle, au ralenti, à l'envers et même en superposant deux versions du film, une à l'endroit, l'autre à l'envers, afin d'y voir des significations super bien cachées mais pas tant que ça si on y prête une attention frôlant la schizophrénie.

Je ne m'attarderais point trop longtemps sur la forme du documentaire, extrêmement maladroite et bancale à force d'illustrer chaque phrase avec des extraits de films (genre je dis que je pissais donc je montre Tom Cruise en train de faire valser la p'tite gougoutte) pour me concentrer sur le fond, à savoir une longue accumulation de théories plus ou moins farfelues visant à prouver que Kubrick était un grand génie mais qui finalement se mord un brin la queue au passage.

Si certaines théories sont dignes d'intérêt, en premier lieu celles mettant en lumières les indices à peine perceptibles parsemés par le maître et tendant à renforcer le sous-texte du film, à savoir que les murs abritant l'action conservent la mémoire des atrocités commises par l'être humain au cours de l'histoire (idée déjà présente dans le bouquin), d'autres laissent sacrément perplexes, notamment lorsqu'elles reprennent la vieille théorie paranoïaque comme quoi les images d'Apollo 11 sur la lune seraient truquées et qu'elles auraient été carrément tournées par Kubrick, "Shining" n'étant en fait qu'un gigantesque mea culpa. Quand ce n'est pas l'autre illuminé qui voit le visage du cinéaste dans les nuages au début du film !

Il y a donc à boire et à manger dans "Room 237", documentaire pas inintéressant au demeurant mais légèrement agaçant dans son sérieux professoral, d'autant que le film nous laisse avec deux possibilités à la fin de la projection. D'une, ces théories sont tirées par les cheveux et les indices ne sont au final que d'incroyables faux raccords à peine dignes d'Ed Wood. De deux, tout est vrai, et Stanley Kubrick était un sacré prétentieux de première. Dans les deux cas, le film n'en sort pas grandis, ce qui va tout de même à l'encontre des intentions initiales.
Gand-Alf
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le 2 oct. 2014

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le 2 oct. 2014

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Gand-Alf

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