Ce film nous plonge d'emblée dans la réalité dramatique de la sévère crise du logement en Irlande.
Dans les quartiers populaires de Dublin, les logements sont rares et chers, pour des raisons économiques, que nous pouvons deviner... toujours les mêmes !
Nous vivons en direct, le marathon d'appels téléphoniques, savamment filmé, qu'entreprend une femme Rosie Davis, pour trouver chaque soir un abri, pour sa famille nombreuse : le papa, enfermé dans un emploi précaire, dont la rémunération ne permet pas de vivre de manière décente et les quatre jeunes enfants.
Ils ont dû quitter la maison qu'ils louaient, pour cause de vente, mais les loyers trop chers pour leur budget modeste, les obligent à vivre, pour l'instant dans leur voiture...
La caméra accompagne cette quête oppressante, au plus près de cette courageuse héroïne , en ne nous épargnant rien des détails concrets de la gestion matérielle extrêmement compliquée de la vie quotidienne...les toilettes, la lessive, les conduites à l'école, les humeurs... une héroïne qui n'a pas le temps de s'effondrer, tant elle est dans l'action et attachée à garder en priorité sa dignité, ce fil ténu qui peut se rompre à chaque instant, à chaque mauvaise nouvelle …
Un plan final qui m'a laissée dans un état de stupeur dont je ne suis pas encore remise: cette fois, la famille n'a pas trouvé la modeste chambre d'hôtel espérée, elle dort dans la voiture, et le père feint de rejoindre un ami, pour lui laisser un peu d'espace : On voit de dos, le père frigorifié assis sur des cageots (enfin, je crois), dominant la voiture familiale dans le parking désert, à la fois protecteur sur sa nichée et héroïque dans son sacrifice...et... générique de fin...
La question ne se pose même pas de ce que sera demain... l'espoir est entre parenthèse... la vie c'est au jour le jour !
Aucun pathos dans ce cauchemar social, mais un constat éloquent, terrible et insupportable de ce que le système impose à un nombre de citoyens de plus en plus important...
c'est incroyablement réaliste, triste et puissant dans sa démonstration.

Juliette-Cinoche
9

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 25 mars 2019

Critique lue 286 fois

2 j'aime

Critique lue 286 fois

2

D'autres avis sur Rosie Davis

Rosie Davis
seb2046
7

Sans toit, ni eux...

ROSIE DAVIS (15,4) (Paddy Breathnach, IRL, 2018, 86min) : Rosie Davis propose une émouvante chronique sociale, à travers le combat d'une famille modeste irlandaise, en difficulté quotidienne pour...

le 15 mars 2019

6 j'aime

2

Rosie Davis
Juliette-Cinoche
9

Thanks, anyway

Ce film nous plonge d'emblée dans la réalité dramatique de la sévère crise du logement en Irlande. Dans les quartiers populaires de Dublin, les logements sont rares et chers, pour des raisons...

le 25 mars 2019

2 j'aime

Rosie Davis
Cinephile-doux
7

Des gens de Dublin

Rosie Davis est une héroïne du quotidien qui ne déparerait pas dans le cinéma de Loach ou des frères Dardenne. Dans le contexte de la pénurie immobilière de Dublin, cette mère de 4 enfants se bat...

le 24 mars 2019

1 j'aime

Du même critique

La La Land
Juliette-Cinoche
9

Sensations musicales et dansantes autour du sens de la vie

"J’ai tendu des cordes de clocher à clocher, des guirlandes de fenêtre à fenêtre, des chaînes d’or d’étoile à étoile et je danse"... écrivait Rimbaud dans ses délires poétiques...Ici Damien Chazelle...

le 24 janv. 2017

19 j'aime

2

Moi, Daniel Blake
Juliette-Cinoche
10

Ce système qui nous broie

Un film absolument bouleversant qui nous raconte le parcours administratif kafkaien de Daniel Blake pour faire valoir ses droits, suite à un infarctus qui va l'empêcher de reprendre le travail. Ce...

le 26 oct. 2016

16 j'aime

6

La Sociale
Juliette-Cinoche
10

Un ilot social à préserver

La Sociale Film de Gilles Perret Que tout le monde aille voir ce documentaire hautement instructif, qui rafraîchit bien notre mémoire collective, sur l'avancée sociale énorme qu'a été la création,...

le 13 nov. 2016

14 j'aime

5