"Quand les grands musiciens jouent, ils ont les yeux fermés. Pour écouter la musique plus intensémen

Dans la lignée de grands films tels que L'incompris de Comencini, Rouge comme le ciel donne un très beau regard sur l'enfance et le rêve, et plus particulièrement sur la perte de la vue. Difficile de trouver les mots pour retranscrire l'état émotionnel dans lequel nous transporte ce film. On en sort totalement ailleurs, émerveillés par tout ce qui nous entoure, que ce soit du domaine sonore ou visuel.


L'histoire de l'amour d'un enfant pour le cinéma, de magnifiques plans serrés sur les visages et notamment sur les yeux. Toutes les scènes dans les salles obscures sont sublimes, la première par exemple où rien n'est plus beau que de voir les yeux de Mirco s'allumer de bonheur.


La scène de l'accident est d'une force saisissante et nous plonge dans un état sans nom qui ne nous quitte pas même au mot fin. C'est le moment où tout bascule, l'alternance de plans entre le tabouret et le fusil créé une réelle tension. Cette scène creuse des sillons sous nos yeux, prêts à accueillir les larmes, qui ne tarderont pas à revenir.


Si c'est un hommage à l'art cinématographique, et à l'histoire vraie de Mirco Mencacci, c'est aussi un hommage à la nature et à sa musique, que cet enfant cherche à retranscrire à l'aide d'objets et de bruitages. Pour accompagner ces imitations de sons réels, on nous offre en image les paysages qui s'y attachent. Le résultat est bluffant : on est simultanément face à une illustration de l'imagination enfantine et à l'expression de la beauté de chaque son, aussi simple soit-il.
Tout ce qui constitue les étapes de fabrication du travail de Mirco, seul dans un premier temps, puis suivi par ses camarades à qui il communiquera sa passion, est d'une grande poésie. Si les histoires qu'ils se racontent sont simples, elle ont ici beaucoup de charme par la signification qu'elles ont pour tous ces enfants qui n'ont plus accès à la vision de ce qui les entoure. Pour eux comme une sorte de nouvelle vie, un nouveau monde qu'ils se créent.
Un petit mot sur le moment qui donne au film son titre, celui où Mirco et et Felice sont sur un arbre et parlent des couleurs. Cet échange est délicieux, tellement qu'on en voudrait d'autres.


Une première partie proche de la perfection, une seconde plus conventionnelle et, un brin moins recherchée... Mais même si la suite peut paraître moins subtile, la scène du spectacle notamment, on est loin de la standing ovation traditionnelle qui clos habituellement ce genre de passages. Qui d'ailleurs, n'a pas eu envie de fermer les yeux comme le font les parents à ce moment-là...L'histoire de Mirco Mencacci fascine, et amènera sans doute plus d'un spectateur à visionner les films pour lesquels il a réalisé la bande sonore.


J'ajouterais qu'il est à voir en VO de préférence (comme tout autre film d'ailleurs !), je n'ai pas eu d'autre choix que de le voir en VF, mais rien qu'à la vue de la bande-annonce, il n'y a pas photo...


Un film d'une grande justesse dressant un magnifique portrait de cet enfant qui, peu à peu parvient à surmonter son handicap (belle idée que cette scène finale, miroir de la première scène). Rien n'est fait dans le seul but d'apitoyer le spectateur, les larmes viennent d'elles-même, et nos yeux brillent autant que ceux de Mirco devant l'écran de cinéma. Une ode à l'espoir et à l'imagination, servie avec brio par un jeune acteur de talent.


((( Coup de tête ? : Ce film est sorti en 2010, mais c'est un peu comme s'il n'était jamais sorti..On le comprend par exemple en regardant le nombre de notes sur senscritique !!! (11...) J'ai par hasard eu l'occasion d'assister à l'unique séance d'un petit cinéma qui a bien voulu le repasser. Et chercher le dvd est une quête totalement vaine.. En magasin, les vendeurs vous lanceront un regard étonné, d'un air "Mais ce film n'existe pas, il n'est pas dans mon fichier..." )))

emmanazoe

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