S.O.S. Titanic
5.7
S.O.S. Titanic

Téléfilm de William Hale (1979)

'Cré beau bateau, étanche à l'eau...'

...La main de Dieu fut bien sévère", chantait Louise Forestier en 1969 avec son 'Cantic du Titanic', chanson psychédélique magistrale à la musique d'une beauté de fin du monde...
Je l'aurais bien incluse dans la BS de ce téléfilm (qui existe aussi abrégée en version cinéma pour salles), tant elle aurait rehaussé la trame dramatique de ce qui est montré.
Après avoir visionné ce 'S.O.S. Titanic', on sait un peu plus où Cameron a puisé certains éléments du scénario du titanesque "Titanic", mouture grandiloquente et méga-Hollywoodienne de 1997 (lequel, lui, a réellement recruté une autre Québécoise pour sa trame sonore, l'inéluctable Celine). En effet, le truc des amourettes interclasse, la scène des passagers de troisième classe défonçant la barrière qui les emprisonnait dans leurs quartiers des étages déjà à demi-submergés, etc. sont extrêmement similaires.
Alors que Cameron bénéficiait des données scientifiques amassées sur l'épave pour reconstituer le naufrage plus fidèlement aux faits (notamment, celui de l'événement de la rupture nette du navire, qui fit s'engouffrer la moitié proue du Titanic avant celle de la poupe, qui resta un moment à la verticale avant de sombrer elle aussi), MTV fait ressortir les aspects sociologiques du naufrage avec 'S.O S. Titanic'. Comme certains l'ont fait remarquer ailleurs, le couple naissant David Warner/Susan St. George, très attachant et captivant jusqu'à la fin, sert un peu de chœur de tragédie grecque dans ce film, en plus de montrer une histoire d'amour plus crédible et plus réaliste que celle de Leonardo Di Caprio/Kate Winslet. Comme quoi des budgets titanesques et une surabondance de mégastars ne garantissent pas des 'Titanics' plus mémorables. Rien ne vaut la confiance envers le spectateur qui sait d'instinct que la peinture efficace des mœurs exige de la patience et de la sophistication qui sauront le récompenser par son adhésion à l'histoire et par son attachement solide à des personnages campés tridimensionnellement plutôt qu'en superhéros plantés comme des figures de proue prétendant être "maîtres du monde".
Si on sait comparer les différentes versions cinématographiques du naufrage d'entre tous les naufrages tout en tenant compte de leur contexte historique respectif, cette version-ci se distingue avantageusement grâce à sa richesse en petits détails qui rendent ses personnages plus humains, ce qui est mis en évidence grâce à l'utilisation fructueuse d'interprètes chevronnés comme Helen Mirren, David Warner, Ian Holm et bien d'autres.
Non, ce téléfilm ne brille pas par la mise en scène du naufrage lui-même (pas d'iceberg, pas de gros plans du navire en voie de sombrer, etc.).. Mais cette carence en effets spéciaux est plus que compensée par la peinture assez juste des passagers à travers les phases successives du fatidique (et unique) voyage de ce navire, sans surenchère ni mise en scène d'actes extravagants gratuits par pur voyeurisme: rien qu'une sélection de vignettes envoûtantes, crédibles et attachantes.
Le sauvetage par le Carpathia a droit à un traitement beaucoup plus important et significatif que dans la majorité des autres 'Titanics'. Ce qui donne lieu à un regard ultime poignant sur l'abasourdissement des survivants du naufrage, et à une fin bien plus riche et originale. Car là où les autres versions situaient la fin de la trajectoire du célèbre paquebot, 'S.O.S. Tiranic' fait ressortir clairement que pour presque tous ceux qui survécurent à cette tragédie des tragédies modernes, l'embarquement sur le Carpathia n'était que le début d'un long et pénible retour à la douceur de vivre d'un passé pourtant si récent, en partant du fond des Enfers. On nous montre les yeux hagards où on lit la désolation chez les survivantes naufragées, serrées de près afin de se réchauffer. Mais la plus mémorable conclusion à ce film nous est livrée via l'apostasie de Mrs. Astor, qui répond à l'invitation d'une bonne dame patronnesse à prendre le verre de café qu'elle lui tend et à remercier Dieu de sa miséricorde par cette réplique épique : "Du café ? Non, pas de café. Pas de Dieu non plus. Il a péri dans le fond de la mer avec le Titanic.". Qui pourrait dire mieux?
"Téléfilm" n'est qu'une distinction purement technique. Un téléfilm capable d'un épilogue aussi original qu'audacieux mérite tout notre respect.

RichardPoulin
8
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le 17 avr. 2022

Critique lue 52 fois

Richard Poulin

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