Saltburn
6.2
Saltburn

Film de Emerald Fennell (2023)

Voir le film

Soyons clair, Saltburn n'est ni une horreur - comme les détracteurs du travail il est vrai discutable de la surcotée Emerald Fennell voudraient qu'il soit -, ni un grand film, comme ceux qui aiment les films "monstrueux" le clament : c'est juste une très belle histoire, avec quelques scènes excellentes (et on ne vous parle pas de la scène de la baignoire, qui bat des records dans les domaines de la déviance et du répugnant...), avec des acteurs en pleine possession de leur Art, qui nous régalent pendant deux heures et quart de situations de plus en plus déviantes, de plus en plus outrées.

Cet histoire de jeune arriviste prolétaire qui s'incruste au sein d'une famille de la très haute aristocratie britannique n'est pas très originale a priori, et la plupart des cinéphiles ont pu retracer une filiation de Saltburn par rapport à des films au pedigree plus respectable : ce n'est pas à notre avis, très important, car Fennell cherche, et trouve souvent, de nouvelles façons de raconter cette vieille fable de prédation chez les riches.

On pourra ainsi apprécier le changement régulier de genre du film - puisqu'on part d'une chronique sociale plutôt réaliste parmi les étudiants plus ou moins riches et bien nés de l'université d'Oxford, pour en arriver à un thriller finalement assez classique - dont on aura certainement deviné assez rapidement les tenants et les aboutissants (ce qui rendent les explications finales, même rapides, superflues). Avec, entre les deux, et c'est sans doute là où Saltburn est le plus intéressant en dépit de quelques dérives vers le mauvais goût absolu dont on se serait passé, toute une partie quasiment fantastique qui est plutôt bien construite et témoigne d'un joli talent de mise en scène.

En ce qui concerne l'interprétation, elle est de manière uniforme excellente : Jacob Elordi, solaire, a un charisme diabolique sur lequel l'intrigue peut se construire de manière solide, tandis que Barry Keoghan est un formidable caméléon autour duquel tourne toute l'ambiguïté du film.

A condition qu'elle abandonne ses velléités de provocation gratuite, Emerald Fennell pourrait bien nous surprendre encore plus positivement avec ses prochains films.

[Critique écrite en 2023]

EricDebarnot
7
Écrit par

Créée

le 6 janv. 2024

Critique lue 162 fois

7 j'aime

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 162 fois

7

D'autres avis sur Saltburn

Saltburn
Plume231
5

Eat the Rich!

[Petit avertissement : j'ai essayé de rester le plus vague possible quant au contenu de l'intrigue de ce film, mais je pense, malgré tout, que la plupart d'entre vous sont capables de lire entre les...

le 30 déc. 2023

66 j'aime

2

Saltburn
JorikVesperhaven
8

Démantèlement aristocratique.

Peu de cinéastes débutants ont su frapper deux fois aussi fort et à la suite par l’entremise d’un premier puis d’un second long-métrage. Et bien on peut aisément ajouter Emerald Fannell dans cette...

le 2 déc. 2023

51 j'aime

4

Saltburn
makhnuff
4

Le charme indiscret de la bourgeoisie

À sa sortie, le nouveau film d'Emerald Fennell a fait grand bruits : une campagne marketing un peu douteuse, un casting de prestiges et des réactions stupefiées sur les réseaux sociaux, louant le...

le 30 déc. 2023

17 j'aime

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

150

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

105

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

187 j'aime

25