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Deuxième service : après l'encensé « Clèves », voilà un nouveau film dont j'ai du mal à comprendre comment a t-il pu plaire, même si celui-ci a au moins le bon goût de diviser fortement. Me concernant, il n'y a pourtant guère débat à avoir tant je ne vois pas grand-chose à sauver de ce désastre gratuit (éventuellement l'interprétation, Charlbi Dean et Vicki Berlin en tête), vaguement provocateur, n'ayant finalement presque strictement rien à raconter. Pas grand-chose à signaler côté mise en scène : les habituels plans fixes du réalisateur, plutôt bien cadrés, quasiment sans le moindre mouvement de caméra.


Les premières minutes peuvent toutefois faire illusion : rappelant le sujet de « Snow Therapy », bien que trop longues et démonstratives, elles ont au moins le mérite de créer une sorte de « malaise positif », donnant un peu de sens au propos. Cela se tient encore à peu près au début sur le yacht, l'occasion de quelques scènes honorables et situations potables, notamment autour du capitaine cloîtré dans sa chambre, interprété par le toujours très bon Woody Harrelson. On sent que cela peut partir dans quelque chose de fou, d'incisif, percutant, tirant à boulets rouges sur les nantis tout en gardant une vraie force de frappe dans le propos.


Hélas, une fois le bateau prenant l'eau, le film décide de l'imiter au millimètre près :


vomi, défécation,


rien ne nous est épargné en long, en large et en travers, Ruben Östlund prenant, comme toujours, un malin plaisir à faire durer, avant tout car il ne semble pas avoir grand-chose à dire. Le récit en devient alors de plus en plus consternant, se croyant très malin alors qu'il est juste horripilant : OK, marchand d'armes ultra-libéral versus capitaine marxiste se balançant quelques citations de grands hommes, ça amuse deux minutes, mais sur la durée, c'est pénible. J'aurais toutefois sans doute été plus indulgent s'il n'y avait pas cette interminable dernière partie, certes nettement moins vulgaire mais horriblement chiante, où il ne se passe strictement rien ou presque pendant près d'une heure, avec les mêmes situations, les mêmes enjeux, les mêmes scènes étirées jusqu'à l'insupportable.


Tout ça pour quoi ? Nous expliquer que les exploités peuvent devenir des exploiteurs et ne rêvent que de ça si on leur en donne l'occasion ? Whaou. Ça valait bien la peine de prendre tout ce temps pour nous balancer de telles banalités. Mieux vaut largement lire ou voir, sur des sujets relativement proches, « Sa Majesté des mouches » ou « L'Ile aux esclaves », autrement plus complexes et intéressants. Quel mépris. Quel cynisme. Et le Festival de Cannes récompense une telle infamie ? La Palme d'Or semblait avoir retrouvé un léger lustre ces dernières années : elle fait un immense saut en arrière en 2022 pour ce qui est, me concernant, le pire film (avec « Oncle Boonmee »!) à avoir obtenu la récompense suprême.


Le réalisateur de « The Square » avait les moyens de faire quelque chose d'incendiaire, collant parfaitement à l'époque et à notre société de plus en plus schizophrène : il préfère adresser un doigt d'honneur à de nombreux spectateurs pensant découvrir une œuvre digne de ce nom. Mais après tout, au vu de son talent pour le coup immense pour annihiler tout esprit critique chez le jury cannois, peut-être a t-il raison. Comme le disait un ancien Président s'y connaissant, lui aussi, plutôt bien niveau arnaque : quelle indignité.

Caine78
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le 10 oct. 2022

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Caine78

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