Après The Square, voilà donc une nouvelle palme d'or scandaleuse et imméritée pour le cinéaste suédois Ruben Östlund. Si The Square se contentait d'être médiocre, Sans filtre est une horreur absolue.


Le film se divise en trois parties, à la manière d'une thèse de philo d'un élève de première : thèse, antithèse, synthèse. Sauf qu'au final, c'est plutôt thèse, thèse et re thèse.

Sans Filtre est film remplie de clichés, s'inscrivant parfaitement dans l'air du temps puisqu'il nous explique que les riches sont des idiots, en plus d'être des méchants qui ne pensent qu'a l'argent. Les influenceurs sont donc logiquement des abrutis, les mannequins sont tous tarés, les hommes d'affaires ne pensent qu'à l'argent... Et les pauvres sont des gentils. Mais attention, seulement s'ils restent pauvres évidemment ! Car lorsque les choses s'inversent et que les pauvres prennent le pouvoir, ils sont encore plus méchants que les riches. Car bien entendu, les pauvres sont beaucoup trop stupides pour diriger et dès qu'on leur donne un doigt, ils prennent le bras.


Alors dans ce cas, à quoi bon renverser l'ordre établi si la dictature du prolétariat est encore pire que celle des fortunés ? Saluons tout de même l'honnêteté de Ruben Östlund qui ne se cache pas d'être très satisfait de l'ordre actuel des choses. Ainsi, il se contente de dire que les riches sont méchants (car c'est bien connu, ça fait avancer les choses !) puis ensuite, il enfile son smoking pour se pavaner sur le tapis rouge et récupérer sa belle palme d'or Chopard.


Mention spécial au personnage de Woody Harelson qui nous livre un discours anti-américanisme (quand je parlais de film dans l'air du temps...) à la candeur rarement égalé, tout droit sortie du bureau des pleurs : ouin ouin ouin mon pays a tué Martin Luther King et Malcolm X, ouin ouin ouin mon pays à fait du mal à l'Amérique du Sud en renversant des chefs d'État merveilleux, ouin ouin ouin mon pays à fait la guerre pour gagner pleins d'argent, ouin ouin ouin mon pays a pillé l'Afrique. Bref, cette scène d'un ridicule rarement égalé dans l'histoire de cinéma est à l'image du film : une approche simpliste, de sujets complexes, par un réalisateur arrogant au discours prévisible et sans aucune nuance. Évidemment, cette critique de l'Amérique est faite par... Un Suédois. Car après tout, c'est bien connu que l'Europe n'a rien à se reprocher et que nous, pauvres petites choses, ne faisons qu'obéir aux méchants Américains !


À la manière de Adam McKay avec son Don't Look Up tout aussi désastreux, Ruben Östlund se sent trop intelligent de critiquer l'être humain, sans aucune nuance. L'homme est un loup pour l'homme. Tu parles d'un scoop, on en parlait déjà en 195 av J-C. Le véritable problème de ce film, c'est son réalisateur. La vocation première de ce dernier n'est pas d'être un cinéaste. Son ambition est bien plus grande, puisqu'il souhaite devenir une sorte de grand manitou, diseur de vérité absolue (finalement, si, c'est bien un réalisateur).

Mais alors, que nous raconte l'oeuvre d'Ostlund ? Que la société est inégalitaire et que les riches sont des êtres abominables qui ne pensent qu'à jouir de leur pouvoir pour écraser le peuple ? Loin de s'en offusquer, le cinéaste semble s'en réjouir, car il a trouvé de la solution pour rhalass et rafler un max de prix à Cannes en faisant de la provoc' à 2 balles.


J'ai tout de même lu quelque part qu'il fallait au moins reconnaître une qualité à Ruben Östlund, celle d'annihiler l'esprit critique des jurés du festival de Cannes. Je suis bien d'accord et pour cela, je lui donne un point supplémentaire, d'où la note de 2.


Bref, le monde néolibéral à de beaux jours devant lui si pour riposte le cinéma ne lui offre que cette comédie caricaturale et vulgaire qui ne froisse personne.


Chaud-Young-Fat
2
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le 28 mai 2023

Critique lue 17 fois

Chaud-Young-Fat

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