Sans issue originale à proposer

En fuite d'un centre de désintoxication pour se rendre au chevet de sa mère malade, Darby se retrouve bloquée en voiture au cœur d'une tempête de neige. Réfugiée avec quelques inconnus dans un office de tourisme, elle découvre une fillette ligotée dans la camionnette de l'un d'entre eux...

Que dire si ce n'est que "Sans Issue" est un petit thriller dont on comprend assez vite la sortie sur une plateforme de streaming (Disney + en l'occurence) plutôt qu'au cinéma tant ce qu'il a à proposer en la matière apparaît aussi désuet que basique !

Après une exposition nous présentant une héroïne dont l'addiction paralyse l'existence entre sevrages et rechutes (avec une allusion au mythe de Sisyphe histoire de se donner un peu de contenance), le film place littéralement Darby dans la situation de blocage induite par son postulat et fait ainsi de la tentative de sauvetage de la jeune otage une manière pour elle de reprendre sa triste vie en main.
Autour de la symbolique rudimentaire de ce parcours, "Sans Issue" construit un suspense qui l'est à peu près tout autant.
Par l'entremise du grossier procédé d'un jeu de cartes appelé "Le Grand Bluff" (oui, c'est très subtil) réunissant ces voyageurs piégés par la tempête autour d'une table, la grande question va être évidemment de savoir qui est celui qui dissimule ses agissements de kidnappeur parmi eux. Étonnamment, là où on était en droit d'attendre un banal whodunit sur l'intégralité du long-métrage, "Sans Issue" semble très vite lever le voile sur ce mystère pour privilégier un affrontement plus direct et, à vrai dire, cette direction tire encore plus le film vers le bas tant l'indigence de l'écriture se fait sentir à tous les étages. La mise en place des rapports de force entre les protagonistes et les diverses péripéties de cache-cache/poursuites qui s'ensuivent n'offrent en effet qu'une série de poncifs ronflants, filmés avec la vivacité d'un téléfilm préhistorique et interprétés par plusieurs acteurs manquant terriblement de charisme (heureusement que Dennis Haysbert et Dale Dickey sont là pour relever un peu le niveau de ce côté, les visages des autres ont un mal fou à marquer un minimum les esprits).

Cependant, alors qu'on commence déjà à craindre le pire du pire avec les yeux presque mis-clos, la deuxième partie de "Sans Issue" révèle tout de même de nouveaux retournements de situation et une violence plus prégnante au fur et à mesure que les forces en opposition en viennent à des méthodes drastiques pour s'en sortir. Alors, attention, rien de bien fou non plus sur ces deux aspects, il n'y a vraiment pas de quoi tomber à la renverse devant l'inventivité des rebondissements (le plus important paraît en plus bien improbable avec le contexte), et, si cela y va certes plus gaiement dans le feu de l'action, l'insignifiance de la mise en scène condamne les quelques coups d'éclat qui en résultent à un effet aussi mineur qu'instantané.
Mais ces petits soubresauts auront eu au moins le mérite de permettre à ce "Sans Issue" de se regarder sans trop d'ennui jusqu'à son terme. Vu la maigreur de ses ambitions, c'était certainement la moins mauvaise issue possible.