Un très beau film dont j'essaierai d'en dévoiler le moins possible. L'effet de surprise ayant en effet été quelque peu gâché pour moi (attention spoiler) par le zèle du distributeur français qui a traduit le titre (All of us strangers) en prenant la liberté, comme souvent, de s'éloigner de l'original pour au final dévoiler le coeur du récit, ce qui fait que j'ai été en mesure d'anticiper la fin du film dès la première scène, malheureusement.


Comme vous avez déjà pu le remarquer dans mes différents posts, je suis bien plus sensible aux performances d'actrices que d'acteurs. Toutefois, j'ai été impressionné et bouleversé par la composition d'Andrew Scott. Rarement un acteur sera parvenu à me faire ressentir avec autant de justesse la solitude, le vide et le mal-être. On pense alors à Aftersun, qui abordait déjà ces mêmes sentiments au travers du personnage joué par le deuxième acteur du film abordé ici, Paul Mescal.


Des émotions qui sont également renforcées et transmises par :

- une mise en scène misant sur des flous, des couleurs bleutées, une ambiance hypnotique et un montage qui contribuent à désorienter le spectateur et lui faire ressentir la même confusion que le personnage principal, sans pour autant tomber dans quelque chose de trop esthétisant, comme cela avait pu être reproché au film de Charlotte Wells.

- une bande-son absolument parfaite, tant pour sa bande originale qui décuple le sentiment mélancolique et vient serrer la gorge et le coeur, que pour les titres que le film empreinte au meilleur des années 80 avec Frankie goes to Hollywood, Pet Shop Boys, Fine Young Cannibals, Joe Smooth, Blur...


Il est toutefois probable que le film ne touche pas tout le monde de la même façon, tant il convoque des problématiques plus ou moins universelles, liées à la construction d'identité, à l'affirmation de soi, aux traumas de l'adolescence, au deuil... qui peuvent ou non faire écho à sa propre expérience et réveiller quelque chose de très sensible, voire douloureux chez certains comme laisser d'autres à distance.


Reste un film très beau et très réussi, qui continue de hanter pendant longtemps.


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le 19 févr. 2024

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