J’ai été tendu et agacé toute la séance durant, à cause de ces rires de spectateurs placés à des endroits que je ne comprends pas. Est-ce qu’on a besoin de voir un film d’auteur SEARCHLIGHT pour rire du fait que, haha, dis donc, à l’époque, être homosexuel c’était quand même pas aussi facile qu’aujourd’hui, hum… hum… bah oui Maman… bah oui haha… tu sais c’est plus pareil :)
Pourquoi rire à ces endroits-là ? Pourquoi rire quand le père lui dit « je m’en suis toujours douté, t’étais une petite flipette de toute façon ». Haha.
Il faut toujours chercher la raison de nos irritations, de nos grimaces de gêne. Peut-être qu’ici, je me suis senti devant un film qui tente par tous les moyens, en me tirant par la manche, de me faire rentrer dans son délire, sans accident possible. Pas une seule scène de ce film n’est pas accompagnée d'un panneau lumineux « CRY » ou « LAUGH » ou « APPLAUSE ».
Rien ne surprend jamais, la scène finit systématiquement là où elle commence, ne nous apprend jamais rien qu’on ne savait pas déjà, l’intention des personnages ne vire jamais de cap. Tout reste dans un contrôle total. Dommage, quand on essaie d'évoquer la folie.
Alors on y parle de quoi ? D’homosexualité ? Non, on parle ici davantage du sujet gai que de l’homosexualité en tant que telle. Le film insiste bien lourdement sur cette idée sans pourtant en parler vraiment (débat sur l'appellation Gay ou Queer, questions toutes mignonnes de la maman surprise, et rien de plus). Notons d’ailleurs que la seule et unique scène de sexe est à moitié suggérée, on ne voit rien à part cette lumière absurde faite de néons dont on ne sait jamais d’où ils sortent : ce couple est une idée, un concept, une bande-annonce, pas un vrai couple de cinéma. Ils n’ont pas la moindre conversation allant au-delà des deux ou trois thèmes basiques qui se battent en duel pendant tout le film : l’homosexualité, le deuil, la maladie mentale éventuellement (sujet qui débarque d’un seul coup dans les 15 dernières minutes du film comme si on ne savait pas trop comment le finir).
C’est creux.
Il y a cette idée – peu originale mais pourquoi pas – du mec qui vient visiter de façon imaginaire ses parents qu’il a perdus trop tôt. Mais que se racontent-ils vraiment ? Y a-t-il d’autres sujets évoqués que ça ? D’ailleurs, ne font-ils jamais autre chose que de simplement discuter ? Désolé mais on se fait chier. Il voit sa mère seule à un moment donné, est-ce que cela change quoi que ce soit au procédé ? Rien, ça ne change rien, l’idée reste la même. Ses parents ont la même façon de réagir, semblent indissociables comme s’il s’agissait du même fantôme, rien ne les distingue, ils réagissent de la même façon. Que nous racontent-ils de leur vie ? De leur rencontre, de la façon dont ils l’ont élevé, du fait d'être parent à leur époque, de l’absence ou non de frères et sœurs, de leur métier, de leurs regrets, leurs projets de vie, qu’auraient-ils fait de leur vie s’ils avaient vécu plus longtemps : RIEN. On ne saura rien. Jamais. Ces scènes s’enchainent inutilement, ne font progresser l’intrigue à aucun moment. Elles sont là uniquement pour nous emmener vers un semblant de scénario sur l'adieu.
Ne reste que ces plans qui durent, si longtemps, pour pas grand-chose, ces musiques qui reviennent nous réclamer des larmes qui n’ont en fait aucune raison d’exister. Et cette fin catastrophique, comme s’il fallait forcément finir sur le pire, le must du must du drama, for no fucking reason.
Insupportable.