"We all go a little mad sometimes"

Si votre téléphone sonne pendant que vous préparez des pop-corn avant de vous lancer dans un bon film d’horreur et qu’on vous demande votre film préféré, vous n’avez surement que quelques minutes à vivre, surtout si vous êtes Drew Barrymore.
Scream est arrivé comme un OVNI dans le paysage du cinéma d’horreur américain des années 1990. Le genre du slasher commençait à devenir de plus en plus ridicule avec des suites à rallonge où on cherche à ressusciter pour une énième fois Jason Voorhees ou Micheal Myers. Ici on nous présente une bande de jeune qui regarde des films d’horreur, qui connaissent les codes de ses derniers comme ne pas dire « Je reviens tout de suite » ou encore de ne pas avoir de relation sexuelle. Le scénario, écrit par Kevin Williamson, est une satire du genre du slasher, mais surtout une déclaration d’amour dont il utilise les règles avec énormément d’intelligence. Son scénario est surtout basé sur le concept du « whodunnit », un récit dans lequel les personnages, ainsi que le spectateur, vont passé tout le long du récit à chercher le coupable, ici le fameux Ghostface.
Parlons-en de Ghostface, avec son masque qui rappelle étrangement Le Cri de Munch. Ce tueur aussi est original pour un truc tout bête : il est humain. En effet, contrairement à ses collègues il ne peut pas se balader dans les rêves de ses victimes, ou encore ressusciter à chaque nouveau film. Ghostface lui peut être surpris pas ses victimes, il peut être sonné par un coup, il peut être battu par la force et il meurt pour de bon, et le masque est repris par de nouvelles personnes dans les suites. Mais sa deuxième grande force, c’est qu’il y a en réalité deux Ghostface. Et cette nouveauté apporte un vent de fraicheur au concept du « whodunnit » car on passe tout le long du premier visionnage à accuser des personnages avant de se rendre compte qu’ils ont un alibi, et se perdre dans toutes les pistes qui sont possibles. A peu près, tous les personnages sont suspectés, notamment grâce à la réalisation de Wes Craven, génie de l’horreur qui est à l’origine des Griffes de la Nuit, La Colline a des Yeux ou encore La Dernière cabane à gauche.
La puissance de la réalisation de Scream vient de sa gestion du temps, tout particulièrement dans son climax, où tous les événements se déroulent dans un rythme rapide et avec une grande cohérence. Climax durant lequel les soupçons deviennent de plus en plus changeants jusqu’à la révélation finale. Surtout que là nous avons des vrais personnages, bien écrits, avec une réelle personnalité, même si les cinéphiles retiennent uniquement Randy avec son humour noir, sa grande culture cinématographique, et l’impossibilité d’avoir une relation avec Sidney Prescott.
Scream connaitra plusieurs suites, qui essayerons toutes d’accomplir le même miracle, mais sans réel succès, Scream 2, sorti en 1997, toujours écrit par Williamson et réalisé par Craven, n’apportera rien de bien nouveau à part l’idée originale de mettre les événements du premier Scream dans un film dans la diégèse de Scream 2, film du nom de Stab et qui est réalisé par Robert Rodriguez (car il avait été pensé pour réaliser le premier Scream). Scream 3 restera oubliable en dehors de son caméo de Carrie Fisher, et Scream 4 tentera de jouer avec le concept du remake pour donner suite à la sortie des Griffes de la Nuit de 2009 et le Vendredi 13 de 2010, mais il ne réussira qu’à devenir le film dont le premier volet était une satire. Il y aura aussi une série avec trois saisons, mais rien de bien remarquable.
Scream c’est ce film que personne n’attendait, mais qui a marqué toute une génération. C’est un film a voir absolument si on s’intéresse un minimum au cinéma d’horreur.