Du pur Dupontel

Albert Dupontel a un style et un univers bien à lui, qui lui ont permis d'atteindre le sommet et la consécration avec Adieu les cons , son précédent film qui a obtenu sept césars en 2021.
Avec un sujet en apparence plus sérieux et plus proche de la (télé?)réalité on pouvait craindre (ou espérer selon le cas) une évolution du cinéaste vers quelque-chose de plus traditionnellement contestataire à la Pierre Carles ou Michael Moore par exemple.

Dés les premières minutes du film, on s'aperçoit qu'il n'en est absolument rien. Dupontel continue à faire du Dupontel pour le meilleur et pour le rire (ou le pire selon vos affinités avec lui). On ne va pas dévoiler toutes les péripéties ici, mais c'est loufoque, complètement barré, évidemment trés invraisemblable et bourré d’énergie. C'est du Dupontel quoi. On craint quand même le pire vers le milieu, quand le film, après être parti un peu dans tous les sens pendant trois quarts d'heures, pousse tellement loin dans le n'importe quoi qu'on se demande s'il n'a pas carrément perdu la boussole (ou son scénario). Mais il se rattrape, parvient à recoller les morceaux et à se remettre sur les rails dans la dernière demi-heure.

Comme souvent chez Dupontel ce qui sauve le film, bien plus que son histoire franchement alambiquée et tirée par les cheveux, c'est la vitalité et la conviction qu'il affiche à chaque instant. Si c'était plus mou ca serait ringard, mais,le cinéaste met une telle énergie dans tout ce qu'il fait que ça passe. Plus c'est gros, plus ça passe.
Et puis ça fait plaisir de retrouver sa brochette d'acteurs habituels de Bouli Lanners à Philippe Uchan en passant par l'incontournable et excellent Nicolas Marié. A cette petite troupe vient se rajouter une nouvelle venue: Cécile de France, trés convaincante, dans son rôle de journaliste franc tireuse et férue de vérité (vaguement inspirée d'Aude Lancelin me semble t-il).

Il y a beaucoup de naïveté assumée dans Second Tour et finalement assez peu de vraisemblance si on le regarde "sérieusement". Mais cette naïveté est toujours au service d'une forme de pureté de l'âme et, osons le mot, d'une humanité sous latente.Et c'est bien ce qui fait la force de Dupontel, celle de ne pas seulement être un artiste loufoque et absurde à la Monty Python (car il sera toujours impossible de les égaler), mais aussi un cinéaste humaniste, rêveur, utopiste certes, mais avant tout terriblement humain.

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