Le thème, c’est un peu comme dans le roman de William Irish "J'ai épousé une ombre" : Faire réapparaître un fils disparu pour capter l’héritage. Je n’en dis pas plus sauf que, pour préparer les retrouvailles du «pseudo fils» avec ses vieux et riches "parents", il va falloir amputer sa main gauche du bout de son auriculaire, puisque le vrai fils l’avait perdu dans un accident.
Le sujet du « faux fils » a été traité dans d’autres films dans le genre « Noir ». Ici, il faut faire son deuil de la noirceur ; le film est presque comédie policière. Le noir est léger mais n’est pas gris pour autant. La méchanceté des escrocs n’est pas très féroce (pas assez peut-être) et reste dans le cynisme. Le suspens lié au déroulement de l'escroquerie est notamment allégé par l’humour qu’apporte la relation entre Farrell (le faux fils) et les deux femmes dont l’une est sa complice. La seconde, Kathy, la nièce du vieux couple à tromper, est charmante et espiègle (à noter qu’elle est interprétée par Terry Moore, qui se prétendra épouse légitime cachée d’Howard Hughes à la mort de celui-ci) ; Farrell a pour mission de la séduire pour s'introduire dans la famille et être identifié comme le fils disparu. Leurs rapports de séduction donnent lieu à quelques scènes qui tirent le film vers la comédie de façon intéressante, sans nuire à l’intrigue qui se suit avec plaisir.
Le « méchant », c’est Alexander Knox (blacklisté l’année suivante) qu’on aurait voulu voir plus hargneux et plus déterminé en crapule distinguée. Sa complice, c’est la fatale Lizabeth Scott (décédée en janvier 2015 à 92 ans) ; elle a fort à faire pour lutter contre une Terry Moore (toujours parmi nous), en petite Marilyn d'une grande vitalité et d'une innocente séduction. Le « faux fils », c’est Edmond O'Brien, que je ne savais pas beau gosse et qui l’est pourtant ici. Il fait un séducteur tout à fait convaincant.
Quant à la mise en scène d’Henri Levin, on a vu pire chez lui. Soixante-quinze minutes pour toute l’opération, il n’allait pas faire dans le détail. Les scénaristes James Edward Grant (“Johnny Eager », « La dernière caravane », « Alamo ») et James Gunn (l’auteur du roman à l’origine de Né pour tuer de R Wise) ont fait ce qu’il fallait pour que les choses avancent assez vite pour qu’on n’ait pas trop le temps, ni l’envie, de chipoter la vraisemblance des actions. Et on a droit à une petite surprise finale qui confirme l’esprit un peu « comédie policière ».
En conclusion : pas un grand film mais un bon moment assurément.
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