Ancienne prodige du ski, Sophie a dû abandonner ses rêves sportifs quand elle a perdu la vue. Depuis, la jeune femme s'est reconvertie dans le gardiennage d'animaux à domicile pour commettre quelques petits larcins dans les maisons de leurs propriétaires absents.
Suite à une annonce sur Internet, elle se retrouve à faire du cat-sitting à l'intérieur d'un chalet luxueux et isolé. La nuit suivant son arrivée, un groupe de cambrioleurs s'introduit dans les lieux...


Bon, on va tout de suite évacuer la couleuvre de la taille d'un monstrueux serpent de mer chimérique que le début du film essaie tant que bien mal de nous faire avaler avec un entonnoir : dans quel monde une riche propriétaire confie-t-elle la garde de son chalet haut de gamme (et accessoirement son chat) à une jeune fille aveugle rencontrée en ligne à la va-vite ? Attention, ne nous faites pas dire ce qu'on n'a pas dit, une personne avec ce handicap peut parfaitement être suffisamment autonome pour accomplir cette tâche, et c'est le cas de Sophie ici, mais ça, la femme qui l'engage dans le film n'en sait absolument rien puisqu'elle ne semble quasiment rien connaître d'elle, tout juste est évoqué le fait de l'avoir engagée faute d'une autre postulante sur Internet et, de plus, elle ne discute avec elle que quelques minutes avant de prendre la poudre d'escampette. Sophie a beau montrer de l'assurance le temps de cet échange d'ordre pratique, rien n'indique qu'elle ne va pas tout démolir dans la vaste demeure en s'y perdant ou, pire, en y ayant un accident loin de tout voisinage.
Mais soit, passons, digérons donc cette énorme absurdité scénaristique et raccrochons-nous au fait qu'en effet, Sophie s'en sort plutôt bien malgré sa condition, d'autant plus qu'une nouvelle application "See For Me" lui permet d'entrer en contact avec un guide momentané, capable d'orienter Sophie par la voix en utilisant le champ de vision de la caméra de son téléphone. En l'occurrence, ce guide sera Kelly, une jeune gameuse installée devant l'écran de son ordinateur à des kilomètres de là et bientôt un soutien indispensable à Sophie pour l'aider à affronter les cambrioleurs dans le chalet.


On a déjà eu des home invasion mettant en scène une victime privée d'un sens, on a déjà vu des thrillers avec une héroïne recevant les conseils d'un inconnu par téléphone, "See For Me" a pour principale originalité d'utiliser les deux en simultané en faisant de Kelly les yeux de Sophie dans son opposition à ses assaillants.
Ce mélange de concept et la complémentarité de la relation qui en découle vont plutôt bien fonctionner, permettant à "See For Me" d'offrir quelques séquences efficaces dans ce que l'on est en droit d'attendre de la tension habituelle d'une telle situation mais, dans le même temps, le film de Randall Okita va curieusement donner l'impression de ne jamais exploiter le potentiel de son idée à fond en le délaissant trop souvent au profit des ressorts les plus classiques d'un home invasion. De même, l'ambivalence morale de Sophie est l'autre bonne surprise de "See For Me", qui aura d'ailleurs son importance à certains passages-clés pour redynamiser l'intrigue, mais là encore, le film paraît à nouveau s'arrêter à chaque fois sur le seuil de cette piste qu'il entrouvre, comme pour nous aguicher par la tournure plus ambiguë que les événements pourraient prendre, avant de prendre un malin plaisir à s'en s'éloigner, préférant toujours en revenir à quelque de plus conventionnel et de forcément plus prévisible quant à l'évolution disons éthique de son héroïne.


En gros, "See For Me" opte pour une zone de confort qu'il maîtrise afin de proposer un suspense plutôt honnête, bien soutenu par la détermination de son tandem improvisé (mention spéciale à Jessica Parker Kennedy, vue dans la série "The Flash") face à des cambrioleurs pas trop idiots dans leurs agissements, mais son défaut majeur est qu'il a tendance à y stagner ou à s'y raccrocher en n'allant jamais au bout des promesses qui pourraient vraiment faire sa différence (n'y avait-il franchement pas mieux à nous proposer que le cliché d'un interminable duel final sous lumière rouge ?). Cette propension à diluer tous ses aspects les plus attractifs dans le moule des archétypes du home invasion le condamne de fait à en être un simple représentant honorable grâce à une exécution correcte mais malheureusement vite oubliable.

RedArrow
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le 1 mars 2022

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