Regarder Serenity en 2025, c’est déjà accepter de plonger dans un cinéma qui n’est plus hype, et surtout d’admettre qu’on s’intéresse encore à Joss Whedon, qui, pour moi, reste clairement un précurseur.
Chez Whedon, on nage dans un univers où les héroïnes n’attendent pas qu’un mec leur explique comment recharger une arme. Elles sont écrites en phase avec leurs désirs, leurs colères, leurs failles. Alors oui, on est encore loin d’une “révolution féministe”, mais il distille toujours ça dans son cinéma (et ses séries) qui reste destinés à un très grand public.
Et puis il y a toujours ce doigt pointé vers les dominations et les systèmes de contrôle :
les autorités qui mentent, les gouvernements qui écrasent, les corporations qui déshumanisent… Capitalisme, colonialisme, hierachie et pas mal d’autres trucs crades : Whedon ne les camoufle jamais. Même si on n’est jamais sur des réflexions très “intenses” ou “intellectuelles”, ça n’empêche pas que c’est bel et bien là, et jamais romancé façon “oui mais ça apporte plein de belles choses”.
Et chez lui, même les méchants sont crédibles et réfléchis : ils ont leurs raisons, leurs contradictions, et souvent la capacité de changer. Pas juste des trognes caricaturales qui veulent “détruire le monde pour la gloire”.
Et bordel, l’action…
Whedon filme des bastons comme d’autres filment des conversations. Ça circule, ça respire, ça te laisse voir les corps et les impacts. Pas ce montage épileptique comme on en est abreuvé maintenant.
Alors c'est pas parfait, c’est sûr, mais qui l’est ?
Whedon, c’est aussi des contradictions, des trucs discutables, mais ça reste un des rares endroits où la SF mainstream parle quand même de politique et d’oppression actuel.
Et dans Serenity, comme dans toutes les œuvres auxquelles il a participé, ben y’a tout ça.
J'avoue, je suis loin d’avoir tout vu de Whedon (je n’ai par exemple pas encore vu Firefly, qui pourtant précède ce film) , mais chaque fois que j’en découvre une œuvre de plus, je me dis que si la grande faucheuse veut bien attendre, j’aimerais rattraper mes lacunes et en voir encore une. Il fait partie de ces “cinéastes” (même quand il n’est pas réalisateur, sa patte est clairement là) qui ont marqué les années 90-00, et qui restent, selon moi, largement sous-estimés.
Bref : une déclaration d’amour pour Whedon, oui, mais elle a totalement sa place ici, tant toute l’essence de son cinéma y est.
Parce que dans ce bordel hollywoodien gavé au cynisme, Whedon aura au moins prouvé qu’on pouvait quand meme y trouver une place pour raconter des histoires de résistance, de marginalité et de désobéissance…