James Marsh est un réalisateur anglais surtout connu pour ses documentaires, dont Le Projet Nim où l’on voit des chimpanzés apprendre le langage des signes, mais aussi une poignée de longs métrages qu’il avait l’habitude d’écrire lui-même. Cette fois, ce touche à tout se lance dans l’adaptation en portant à l’écran un bouquin écrit par Tom Bradby paru en 1998 : Shadow Dancer.
Contrairement à ce que les premières affiches pourraient laisser croire, le long métrage n’est pas un thriller d’espionnage ni même un film d’action. D’ailleurs, Clive Owen a beau être mis en avant pour la promotion, il n’est en rien le rôle principal, en réalité confié à Andrea Riseborough.

Shadow Dancer suit le personnage de Collette, une jeune femme membre de l’IRA qui se rend à Londres pour déposer un colis piégé dans le métro. Elle se dérobe à la dernière minute laissant sa valise dans un coin et s’enfuit pour mieux être capturée par les services de renseignements du MI5. Mère d’un petit garçon, elle va accepter un deal assez incroyable : sa liberté -et le programme de protection des témoins- contre l’espionnage de sa propre famille. Ce sont en effet ses deux frères qui l’ont lancé là-dedans, deux indépendantistes irlandais très actifs que l’agent incarné par Clive Owen et ses supérieurs (dont Gillian « Scully » Anderson) veut incarcérer.

Le sujet est d’autant plus intéressant que Tom Bradby a été journaliste en Irlande du Nord pendant le processus de paix et maitrise donc ce complexe sujet qu’est celui de l’indépendance de ce pays et ses activistes. Mais James Marsh, plutôt que de se focaliser sur l’aspect espionnage, préfère s’intéresser à l’humain. On va donc suivre Collette espionnant ses frères et remontant en douce des informations, mais tout en veillant bien à se focaliser sur les relations qui l’unissent à sa famille, à ses deux frères et à son fils. Ainsi, le film vire assez vite au drame et va plutôt lorgner du coté de « Homeland » que de « 24 Heures Chrono ».

C’est un aspect à doublage tranchant. C’est certes intéressant d’avoir un point de vue différent mais on peut aussi regretter que Shadow Dancer ne s’intéresse pas au reste. Il faut ainsi avoir de (légères) connaissances du sujet pour comprendre ce qui s’y passe vraiment. De plus, de par son aspect dramatique, le film ne bénéficie que d’un rythme assez lent et peut vite ennuyer. C’est d’autant plus le cas qu’au final, Marsh a tendance à ne faire que survoler ses personnages, comme s’il était tenté de se débarrasser d’un genre au profit d’un être sans jamais y parvenir.
Heureusement pour le spectateur, la surprise finale, vraiment inattendue, vient remettre en cause beaucoup de choses et relève l’intérêt à la dernière minute. On en dira pas d’avantage mais une fois qu’ « on sait », le film méritera sans doute une seconde vision.

Au final, si ce Shadow Dancer est un film qui se laisse regarder grâce à ses acteurs doués et à son twist final, c’est aussi un film lent qui aura bien du mal à trouver sa place face à la concurrence de ce 6 février.
cloneweb
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le 29 janv. 2013

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