Shakma
4.3
Shakma

Film de Hugh Parks et Tom Logan (1990)

Baaah ce film est clairement détesté, tout l'monde approuve, d'IMDB à Allociné, pour peu qu'il ait été vu, nous voici en présence d'une bonne daube ! Bon. Bah moi j'm'en vais vous en tapoter deux mots, déjà parce que j'ai bien aimé, et puis parce que ça commence à faire longtemps que je n'suis pas parti défendre la veuve et le bon film de merde.

Bon alors déjà, Shakma ça vend du rêve à la base.
Une opération expérimentale est pratiquée sur un singe, un babouin en l'occurrence, choisi pour son agressivité naturelle, pour le rendre bien docile et ronronnant. MAIS ! Si ça foire, c'est l'effet totalement inverse qui pourrait se passer. Et il se trouve que ça foire. Donc Shakma, le babouin, se retrouve destiné à mourir, mais le préposé à la piqûre est bien peu sérieux et ne fait qu'endormir le primate. Le soir même, un immense jeu de rôle est organisé dans l'immeuble-laboratoire, entre les élèves et le professeur (la crédibilité semble vraiment de mise déjà...).
Alors que, la nuit tombée, chacun endosse son personnage et commence à s'éclater dans une exploration d'un grand bâtiment médical vide, le babouin se réveille, s'invite à la partie, mais peu soucieux des règles, décide de foutre le gros bordel.

On aura ni droit à l’atmosphère malsaine et envoûtante de Link dont j'ai déjà parlé, ni droit au pouvoir fantastico-captivant de Monkey Shines de Romero dont je parlerai sûrement bientôt. Ce film est clairement en dessous de ces deux là mais il n'est pas tout à fait pourri pour autant.

C'est l'éclate, c'est bourrin. Il y a peu de temps morts à partir du moment où Evil Rafiki se réveille et commence à dépecer de l'étudiant en masse. Oh c'est pas folichon non plus certes, la faute aux plans bien souvent foireux, résultat d'une contrainte sur laquelle je ne cracherai pas, bien au contraire : l'animal est vrai. Alors le problème d'un animal de chair, d'os et de volonté propre, c'est qu'on le montre difficilement déchiqueter une tronche humaine. Et donc tout ou presque se passe hors champ, à tel point qu'on a bien souvent envie de hurler au cameraman "HEY DUCON T'AS TROIS PAS A FAIRE LA, BOUGE TOI PLUTÔT QUE DE FILMER LE MUR VIBRER !! CONTOURNE, FAIS TON BOULOT !". Mais on lui passe vite cet aléa parce que les petits effets gores restent gentiment honnêtes. Et puis la vraie puissance de ce film ne se situe pas là. Ni dans les maquillages pas mauvais, ni dans la suggestion d'une intrigue déambulatoire pseudo-horrifiquo-ratée. Nan, là où ça reste quoi qu'on en dise bien bluffant, c'est dans le dressage du singe. Ce babouin tient plus d'un croisement entre un taureau de Camargue et un troupeau de piranhas que de Cheetah.
Véritable boule de nerfs, marteau pneumatique sur pattes, tronçonneuse-moissonneuse batteuse-scie circulaire vivante et hirsute, requin quadrupède enragé touffu, Shakma hurle comme une harpie et se jette sur les murs, les portes, contre tables et chaises comme une voiture de stock-car affolée qui n'aimerait soudainement plus tout ce qui tient debout, prônant la loi du dézingage furieux et gratuit, à l’affût de la moindre gorge qui présenterait le bout de sa jugulaire en guise d'amuse gueule. Le bestiau défonce portes et cloisons pour traquer tout ce qui semble vivant, son compteur comportemental réglé sur "TUER IMMÉDIATEMENT TOUT TRUC QUI RESPIRE, HURLE ET COURE."
Et c'est bien mené, vraiment. Parce que tout au long du film, si l'anxiogène s'est très vite fait la malle au profit d'un aspect nanardesque plutôt plaisant j'dois dire, on a l'envie de savoir comment ça a été fait, comment on a pu convaincre cet animal de se jeter comme un pitbull demeuré sur des parois d'ascenseur et autres battants en bois jusqu'à les cabosser. Un making of eut été fort bienvenu ma foi, mais film de merde oblige, vous aurez au mieux une vf rigolote.

Bref, tout ça pour dire que Shakma, c'est un film de singe tueur de plus au royaume de la terreur animale. Que Shakma c'est une vraie bête bien vivante qui s'exhibe et mime le meurtre (ou l'auto-tamponneuse, c'est selon). Que Shakma, c'est un film que tout l'monde semble détester, que quelque part, on comprend ce dédain envers Shakma mais qu'on aimerait quand même que certaines de ses petites qualités soient prises en compte non d'une licorne à paillettes. Et qu'enfin, Shakma, tout aussi mauvais qu'il soit, peut aisément sauver une soirée d'ennui pour quiconque aime retrouver des animaux tueurs, que ce soit pour apprécier comme pour se marrer.. ou même pour y voir Roddy McDowall (plus connu sous le nom de Cornelius) dans un rôle clin d'oeil assez nul mais tout de même plus que réjouissant.
zombiraptor

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