Prenez la pose...

Partir des tableaux d'Edward Hopper et jouer à ce jeu classique du "Que s'est-il passé avant ? À quoi pense ce personnage ?". Le pari est plutôt réussi.

Au niveau purement formel, les décors tout en couleurs et en une dimension sont vraiment bien rendus. Quoique le côté artificiel, plat et coloré est même assez exagéré par rapport à la réalité des œuvres de base. On a souvent du mal à savoir si certaines parties des premiers ou derniers plans sont de vrais décors ou des trompe-l’œil. Ça crée forcément une très belle ambiance, malgré le côté figé. Figé parce qu'il s'agit de personnages de peintures et qu'on a un peu le sentiment que la scène pourrait débuter ou prendre fin à n'importe quel moment. Comme si les personnages tournaient en rond dans leur décor dans le temps infini d'un musée...
Le placement des personnages, leurs positions... tout cela semble vraiment calculé et si l'on n'a pas les tableaux en tête, c'est difficile de trouver quel moment de la scène reprend la disposition exacte de l'image dont elle est tirée.

Les scènes tirées de chaque tableau sont liées entre elles par une historie un peu plus vaste, menée par un personnage récurrent. La majorité fonctionnent sur le même schéma : un personnage central perdu dans ses pensées.
Cependant, au risque de voir le scénariste pleurer de s'être arraché les cheveux à tisser une toile de toutes ces œuvres, je préfère les voir comme une suite de courts-métrages indépendants. Chaque séquence peut être vue comme une histoire unique, un instant volé dans la vie de ce tableau. Et je trouve cela bien plus poétique.
Après, le conducteur empêche aussi peut-être de rendre l'ensemble trop répétitif, mais j'ai aussi le sentiment que le film pourrait tourner en boucle sans que l'on soit capable d'en retrouver le début ou la fin...

Dans l'ensemble, ça reste quand même un film à voir surtout pour le travail de l'image qui a été fait, que l'on aime l'univers d'Hopper ou non. Il y a un côté très méticuleux et sérieux dans la recherche d'une certaine justesse de la retranscription, mais le résultat en vaut le coup. Enfin, de minuscules détails, comme les lignes de texte du programme dans la première scène, qui nous rappellent que l'on est dans une peinture marchent très bien.