Scorsese est un bon chrétien, ça on le savait ! Mais c'est surtout quelqu’un d'acharné. Quand il a des projets il s'y tient, même si cela nécessite d'attendre. Et un projet tel que Silence, n'était pas des plus simple à mettre en oeuvre, le livre de Shūsaku Endō étant assez difficile à adapter. Mais, enfin il est là. Est ce que ça valait le coup d'attendre ?
Scorcese nous conte l'histoire d'un prêtre chargé d'évangéliser le Japon, qui finalement se convertit pour des raisons que l'on ignore. Deux jésuites portugais, le père Rodrigues (Andrew Garfield) et le père Garupe (Adam Driver) décident d'aller chercher ce père Ferreira (Liam Neeson) dans ces terres dangereuses et inconnus.
Le filme est bon... Mais long... Sur ce point de nombreux gens seront d'accord. Le long métrage est intéressant dans son histoire et dans ses enjeux. Mais quand même, 2h40... C'est le seul gros point faible du film, il s'éternise. Beaucoup de passages vont prendre leurs temps alors que certain vont au contraire accéléré la tension, c'est donc assez inégal dans l'ensemble. Je n'ai rien contre le fait que le film se développe, mais certaines scènes sont vraiment ennuyantes. Mais malgré cela il nous présente une vision forte du catholicisme très important à cette époque, et par cela des scène très iconiques jonché de symboles religieux, et même une introspection du héros en Jésus qui subit les épreuves de Dieu. Tout ce que vit le père Rodrigues peut se traduire par un chemin de croix qui conduit à un renie de sa foi. Le plus important est peut être la vision des jésuites envers les japonais. En effet l'histoire est vu de façon subjective, on est autant perdus que le personnage dans ce Japon qui observé comme une sorte de marais sordide(métaphore qui reviendra), donc comme une terre peu accueillante. Et une vision assez péjoratives des autochtones qui sont gentils mais qui vivent comme des animaux qui se cachent... D’ailleurs c'est assez amusant de voir les rôles s'inverser. On voit l'église qui doit se cacher des bouddhistes. On voit une inquisitions japonaise qui persécute des chrétiens innocents alors qu'on connait tous l'inquisition catholique comme étant affreusement extrême en terme de jugement.
Bien que le thème soit la religion, le film n’exige pas d'être catholique pour comprendre les enjeux du film, au contraire tous peut observer qu'ici il n'arrive aucun signe, une absence, un silence divin. Et malgré ce silence se doit on de rester fidèle à notre religions, quel qu'en soit les conséquences ? Et là le film devient vraiment intéressant. Ici le fond est beaucoup plus important que la forme.
Au niveau du casting Andrew Garfield fait l'affaire, car c'est un bon acteur mais peut être aurait il valu prendre quelqu'un de plus impliqué.
Au niveau technique c'est du Scorcese donc c'est très bien filmé sans non plus de grosse prises de risque... On a évidemment pas mal de plan contemplatif, avec un paysage, bien que gris, magnifique. Même Macao en image de synthèse, a l'air vrai et actif comme d'époque. On a aussi beaucoup d'utilisation de la brume, peut être pour rappeler un sentiment de perdition qui surplombe l'oeuvre. Les différentes scènes iconiques le sont par un traitement tout particulier des personnages filmés comme martyres, et une utilisation de la lumière subtil et agréable à l’œil. Il y a nottament cette scène ou des personnages doivent piétiner l'icone de la vierge, et on le vit par des plans subjectifs du point de vue Rodrigues qui est emprisonné, donc on voit continuellement les barreaux pour symboliser son état d'esprit. C'est très malin... Rien à redire sur ce point là c'est loin d'être basique et très bien construit.
Les films parlant de religions ont cette réputation d'être ennuyeux. Ce film ne déroge pas à la règle. J'ai aimé le film et ce qu'il veut nous dire, mais je pense que c'est loin d'être le cas de tout le monde surtout pour ce que nous avait habitué le réalisateur ces dernières années. Je pense que ce n'est pas pour tout le monde. Mais je maintient que Martin Scorcese a eu raison de faire ce film, car c'était un beau projet qui aurait pu ne jamais voir le jour et cela nous aurait privé d'une autre face de ce réalisateur que l'on aime.