Silenced par mirlitons

Dans un institut pour enfants sourds et muets, un professeur d'art fraîchement arrivé découvre avec horreur que le personnel abuse des pensionnaires. Loin d'une fiction, le film s'inspire d'une terrible histoire vraie et dénonce les failles du système judiciaire coréen.

Personnellement, j'ai du mal avec les films violents. Psychologiquement et physiquement violent, "Silenced" n'hésite pas à montrer la dureté des abus sexuels, encore et encore. Et encore et encore. C'est pas marrant, c'est horrifiant, mais c'est justifié. Et c'est pour ça que je ne lui en tiendrai pas rigueur.

En effet, des six professeurs qui ont abusé leurs élèves, la majorité n'ont pas été condamnés - ou trop peu - suite au procès (comme vu dans le film), et ce à cause de lois archaïques et d'un système corrompu. Résultat : un manque de protection des mineurs et des crimes jamais punis. C'est pas juste, c'est terrible, et ça donne envie de pleurer.

Ce sont ces faits qui ont inspiré Gong Ji-Young à écrire le livre "Dogani" - adapté en ce film - pour dénoncer la situation, et essayer de changer les choses. Et ça à marché. L'affaire à été rouverte, la protection des mineurs renforcée, et l'école à été fermée. Et surtout, les responsables ont enfin été punis.

Certes, la trame du film ne suit pas complètement la réalité. J'ai notamment cherché des preuves du meurtres-suicide de la fin sans rien trouver. Mais ça n'a pas vraiment d'importance. Toutes les scènes renforcent le désespoir des enfants, l'impuissance de ceux qui cherchent à les aider et la cruauté du système injuste. C'est atroce. C'est poignant. C'est dur. C'est nécessaire.

Je rajouterai que la qualité ne résulte pas que du sujet traité : le jeu des acteurs sonne juste (Gong Yoo est d'ailleurs à l'origine de l'adaptation cinématographique du film, preuve que l'histoire les touche), l'image est impeccable, les plans magnifiques et le film rythmé. Non pas que ça ait une grande importance, mais c'est le cas.