"Silent Hill : Humiliation 3D" (Silent Hill : Revelation 3D - 2011)

Restons stoïques et diplomates. À quel degrés d'irresponsabilité un producteur a-t-il pu confier à un réalisateur aussi incompétent que Michael J. Bassett (réalisateur du décevant Solomon Kane - 2009) l'adaptation d'une saga révérée par une large communauté de joueurs?


Après avoir cogité quelques heures sur les nombreux défauts de ce "Silent Hill : Revelation 3D", impossible d'arriver à une autre conclusion que celle démontrant que le réalisateur n'a tout bonnement rien compris à l'univers du jeu vidéo de Konami et a délibérément échoué à retranscrire les ambiances de celui-ci.
On peut toutefois rattacher la majorité des reproches à faire au film à la compréhension quasiment antinomique de Bassett face à la série. Nous pouvons alors le remercier d'avoir transformé une des oeuvres les plus malsaines et captivantes de l'horreur psychologique en teen movie du pauvre.


Alors que la saga Silent Hill repose principalement sur une angoisse constante du joueur face à son environnement, l'adaptation ne propose d'intégrer que de vulgaires jumpscares insipides qui, en plus de ne pas être mémorables, sont prévisibles. Il y'a déjà de la colle dans les cheveux. Inutile de préciser que le scénario est un nid de faits injustifiés ou simplement d'incongruité car, à ce niveau là, ce ne sera que le cadet des soucis du film.


Une mauvaise compréhension de l'ambiance va inévitablement résulter à une appréhension maladroite du cadre. Prenons pour exemple la séquence où Dahlia Gillepsie (la mère d'Alessa) va inciter Sharon/Heather à "rentrer se mettre à l'abri", quand tout bon joueur sait que l'angoisse abrite les couloirs des bâtiments et que revenir à l'extérieur est, au contraire, le meilleur moyen de s'éviter un infarctus du myocarde. Concernant les décors, on retrouve tout de même certaines esthétiques propre à la franchise même si au final, on a clairement l'impression que l'équipe du film a décidé de recycler le plateau de Destination Finale 3. Bienvenue à Disneyland Silent Hill...


Si la retranscription de l'ambiance et du cadre est bancale, qu'en est-il alors des personnages?
Dites adieu aux créatures difformes des corridors obscurs de l'hôpital de Brookhaven, ainsi que les personnages attachants et persévérants. Place aux protagonistes sensibles comme des panaris qui ressemblent plus à des cosplays de la Japan Expo qu'aux aventuriers des dimensions dissonantes de la colline silencieuse:


La Heather (Adelaide Clemens) de l'adaptation est éloignée de tout par rapport à la pétillante jeune fille du 3ème opus de Konami. Au lieu de ça, le film nous livre une pleurnicheuse sans charisme et sans aucune volonté d'atteindre son but. Vincent Cooper (Kit Harington) aurait pu être un protagoniste intéressant si il avait eu l'occasion de se montrer un peu plus souvent. Nous noterons que le semblant de fièvre rose entre ces deux là, qui au passage renvoie le film un peu plus vers une fan-fiction, était d'ailleurs injustifiée dans la mesure où les deux protagonistes ont "évolué" séparément tout le long de l'action et que strictement rien ne les rapproche.
Sinon, il y'a effectivement un personnage auquel on peut s'identifier : Pyramid-head.
Sérieusement Mr. Bassett? vous avez fait de l'entité la plus hostile et la plus bestiale de l'univers Silent Hill un espèce de molosse attardé au service de l'héroïne qu'il est censé annihiler? à ce moment là autant présenter Alessa en pré-ado insomniaque en manque de crack... Ah oups.
Inutile de parler des personnages de Malcolm McDowell (Orange Mécanique - 1972/Halloween 2007) Carrie-Anne Moss (Matrix - 1999) ou encore Sean Bean (Equilibrium - 1999/La communauté de l'anneau- 1999) puisqu'ils sont injustement écartés au plan secondaire. Mauvais plan recyclage pour ces trois acteurs qui risquent après un film aussi ridicule de sombrer définitivement dans les limbes de l'oubli.


Sinon la 3D est bien cool et efficace (quitte à être sympa et à ne pas cracher totalement dans la soupe).


"Silent Hill : Revelation 3D" reste majoritairement un enchaînement d'anomalies embarrassantes marquant ainsi un deuxième échec d'adaptation de la franchise au cinéma (le premier ayant été fait par Christophe Gans en 2006). Nous pouvons éspérer que celui-ci ne compromettra pas la venue d'un Reboot à l'avenir.

Créée

le 8 juil. 2015

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