Sinister reste l’une de mes plus belles frousses au cinéma. Et Sinister est une production de Jason Blum.
Jésus multipliait les pains. Jason, lui, multiplie les films (pour faire du blé quitte à rouler les spectateurs dans la farine pour rester sur l’idée du pain). Pas étonnant vu qu’avec son ratio budget/recettes presque imbattable, le père Blum va finir par encore plus marquer l’histoire que l’homonyme Léon. Puis avec un prénom pareil, il ne pouvait que revenir inlassablement se frotter au registre de l’horreur dans nos cinémas, qu’on soit « hockey » ou pas avec la qualité de ses films.
Bref, c’est donc sans surprise qu’une suite à Sinister a vu le jour et que Bughuul déboule de nouveau dans nos salles.
Un retour à la hauteur des espérances ?



L’attraction principale de Sinister, c’était notamment ses films en Super 8.



L’attraction principale de Sinister, c’était notamment ses films en Super 8. Ici, ils perdent de leur impact et on pourrait donc retirer l’adjectif « Super » du format. Heureusement, ces films sont quand même malsains et dérangeants. Ils restent la marque de fabrique et l’intérêt majeur de la saga.
Petit point noir : les gosses qui les filment ont des capacités de bricoleur et de metteur en scène un peu trop poussées. Dans le premier volet, ces films étaient simples, crédibles et vraiment effrayants.
Pour la partie de pêche, chapeau pour arriver à suspendre par les pieds les 4 membres de ta famille au-dessus d’un étang où y’a un crocodile (T'avais un radeau pour les positionner là ? À quoi est raccroché le fil qui tient ta famille ? Où vas-tu chercher ton crocodile ?). Et le gamin se permet un effet en retournant sa caméra (tu crois que ma famille est debout ? Hé ben non, en fait elle est suspendue lol) aussi gratuit qu’étonnant…)
Puis je pense que celui qui a fait le film dans l’église a trop maté Fast and Furious 2. Si une suite voit le jour, j’espère que les futurs films en Super 8 seront plus choquants et efficaces, sans tomber dans une surenchère Mad Gyver/Saw.



A-t-on peur devant ce Sinister 2 ? Malheureusement pas autant qu’on le voudrait…



Alors si ces films en Super 8 ne font plus trop leur effet, a-t-on peur devant ce Sinister 2 ?
Pas autant qu’on le voudrait… Néanmoins, son atmosphère est travaillée, le changement de cadre aidant. On se retrouve ici principalement au sein d’une maison accolée à une église abandonnée où un massacre sordide a eu lieu, le tout au fond de la campagne américain dont les champs de blé et le soleil couchant font fortement écho à Massacre à la tronçonneuse. Ambiance.
Le film se permet un effet sympathique repompé sur le court-métrage Light out. Les jumps-scares se font rares. Celui du début est totalement gratuit mais a réussi à me cligner des yeux. Quant à celui de fin, il est toujours aussi maladroit et vain. Les enfantômes (ouais, le néologisme est offert par la maison) sont quant à eux plus risibles qu’effrayants.
Quant à l’entité démoniaque Bughuul, ses apparitions sont plus prévisibles et moins marquantes (absence de crescendo avec apparition totale du démon d’entrée de jeu) que dans le premier volet… Il faut se rendre à l’évidence : Bughuul fout moins les boules. Mais sa mythologie se voit légèrement enrichie tout en gardant une part de mystère… Un bon point.
Sinister 2 continue de baigner dans un climat pesant et glauque (aidé par une bande-son efficace) lui permettant de se démarquer du reste de la production horrifique actuelle.
Fun fact : je suis resté jusqu’au générique de fin et j’étais au premier rang. J’en suis sorti discrètement et le gars qui rangeait la salle ne m’a pas entendu, ni vu venir vers lui. Il s’est retourné et retrouvé presque nez à nez avec moi et je lui ai malgré moi bien fait peur (il n’a pas pu s’empêcher de me le confier à haute voix, la main sur le cœur et les yeux écarquillés). Comme quoi, on peut quand même sortir de Sinister 2 en ayant peur.



L’histoire s’inscrit quant à elle dans la lignée du premier volet mais suit un schéma assez (trop?) similaire.



L’histoire s’inscrit quant à elle dans la lignée du premier volet (Ethan Hawke laissant le premier rôle à James Ransone, qui campait le sympathique shérif adjoint dans Sinister) avec une mise en place de l’intrigue assez rapide. Mais elle suit un schéma assez (trop?) similaire :
- Super 8 en intro,
- mise en place des personnages en enjeux,
- autres films Super 8 qui ponctuent les deux premiers tiers du récit,
- résolution finale (ici moins satisfaisante que dans le premier volet)
Quelques thèmes musicaux surgissant aux mêmes moments du récit renforce ainsi ce sentiment d’évoluer en terrain connu.
Le fascinant rapport de répulsion/attirance face aux images dérangeantes abordé dans le premier volet laisse ici place à la thématique des rapports de force abusifs (fraternels, père/fils, épouse/mari) au sein d’une famille. Sujet un peu moins intéressant mais au ton toujours aussi adulte et donc bienvenu.


Un dernier mot sur la mise en scène qui est assez plate. Le seul petit effet qui m’a marqué est la roue du chariot de supermarché dont la forme et le bruit de roulement font écho à la bobine de film en 8mm. Le reste demeure bien sage et académique.


Si ce film s’avère être un succès, peut être qu’une longue série nous attend dans les années à venir… C’est d’ailleurs sûrement pour cela que dans ce second volet, un plan s'attarde longuement sur une grosse araignée : afin de teaser Sinister Six dans lequel on retrouvera Peter Parker.


Sinister 2 n’est pas aussi efficace et marquant que son illustre prédécesseur, qui était réussi car inattendu. Il reste néanmoins une suite recommandable en étant un film d’horreur honnête, à l’ambiance et aux personnages travaillés. La mythologie autour du personnage de Bagul est légèrement étoffée et l’histoire s’inscrit dans le prolongement du premier volet.


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le 20 août 2015

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