Slim the Man
6.5
Slim the Man

Court-métrage de Samir Oubéchou et Chérif Sais (2015)

Ce court métrage a remporté il y a un an le prix du Public au Festival du film court en plein air de Grenoble. C’est à cette occasion que j’ai pu le voir. Il vient de passer sur Arte mais il n’est malheureusement plus possible de le voir.


C’est un film sympathique, drôle et émouvant. A travers le nécessaire tri des affaires de leur papa disparu, deux enfants d’immigrés algériens en France découvrent une parcelle inconnue du passé de leur père.


Les deux réalisateurs, Samir Oubechou et Chérif Saïs semblent être aussi fils d’immigrés algériens, et ils expliquent dans un entretien réalisé par l’équipe de Court-circuit leur envie d’aborder une question manifestement souvent tabou chez les immigrés algériens, celle de leur rôle ou de leur attitude durant la guerre d’Algérie. Pour eux, c’est le règne du tabou, il n’y aurait pas eu de transmission de l’histoire familiale, provoquant de nouvelles générations de déracinés, contraints de chercher des repères ailleurs. Ils expliquent notamment qu’il était sans doute difficile pour ces émigrés d’expliquer à leurs enfants pourquoi ils avaient pour certains milité pour l’indépendance sans être retournés en Algérie (je ne parle même pas des Harkis).


Leur film permet de sortir de la représentation stéréotypée de l’immigré algérien des années 60 qui ne pouvait être qu’un ouvrier vivant dans les bidonvilles (ce qui était néanmoins une réalité). Et ils le font avec beaucoup d’humour, s’inspirant comme ils l’affirment de la comédie à l’italienne, et je dois dire que c’est particulièrement réussi, les personnages, parfois un peu surjoués, notamment l’imam, nous font bien rire, à plusieurs reprises.


Ici, on a surtout un personnage fabuleux, Slimane alias Slim the man, blouson noir essentiellement intéressé par le rock et les filles, pas vraiment par la politique et les réunions secrètes du FLN organisées par son frère. Le film permet de montrer la diversité des destins et des choix. A la fois des gens déterminés qui luttent pour la liberté de leur pays, mais aussi des immigrés déjà très bien intégrés, qui savent aussi profiter de la vie et des attraits de l’Occident.


C’est aussi l’histoire d’une rencontre, la naissance d’une famille dans cette France qui est alors en conflit avec leur pays d’origine. Avec des personnages qui peuvent être heureux dans cette France en guerre où la vie des immigrés algériens à Paris n’était pas toujours facile… Avec un Slim the man qui fait bien plaisir à voir, quand on sait que le destin de certains des enfants d’immigrés en France seront moins roses, tel le Slimane de la chanson de Renaud (Deuxième génération) , vingt ans plus tard.

socrate
8
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le 9 juin 2017

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socrate

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