Intéressons nous, pour démarrer, au plus simple : décors, acteurs, toussa.
Les décors... Que peux on dire ? Après tout, ce n'est qu'un train. Mais bon, ça n'empêche pas que la variété des wagons au fur et à mesure qu'on avance est intéressante, ainsi que l'évolution de la définition de "richesse". Certes, on a un film avec lutte des classes, tout ça.. Mais ce n'est pas un mal. On en reparlera plus tard.
Donc, revenons aux décors, voulez vous. Pour ma part, je les trouvent très réussis, du début à la fin. Le fond du wagon étant un parfait bidonville concentré, et plus on avance, plus on entre dans excentricité, ou on peut tout se permettre, parce que la richesse est d'oeuvre, avec Sauna, piscine, tout les soins possibles... Et bien d'autres choses. M'enfin, pour les décors, c'est bon.
Pour les acteurs, c'est globalement bon aussi. Bong Joon-ho sait maîtriser ses acteurs (malgré les décors très étroits). On notera bien quelques erreurs par ci par là, mais souvent, on sent que la volonté de mettre un caractère du personnage en avant est accentué correctement par son jeu, ce qui est plaisant. On hait un personnage si on doit le haïr, on prend pitié s'il le faut. Franchement, c'est super bien foutu sur ce point également.
Niveau technique, j'ai pas grand chose à dire non plus.. Certains jeux de lumières sont absolument divins (Curtis dans le couloir final, les scènes lors du passage sous le pont), la mise en scène est tout aussi géniale, des scènes sont d'une force incroyables parfois (la révolte et le face à face des deux camps notamment, sont les meilleurs exemples, ainsi que le "duel" entre Curtis et Franco) et souvent, j'étais soufflé par des idées de plans que je trouvais simples, mais incroyablement efficaces, même dans les scènes les plus minimes, montrant bien la maîtrise de Joon-ho.
Petit bémol pour moi, et je ne dirai pas grand chose dessus, c'est la musique, qui manque peut être d'un peu de réelle identité. C'est passable, ça accompagne bien le film, mais c'est vite oublié dans la majorité.

Bon, là j'attaque le scénario et surtout ma vision des choses par rapport au film. Donc si vous avez l'intention de voir le film, cachez vos petits yeux mes enfants. (ça veut dire SPOILERS)
Bon, l'histoire, je crois que tout le monde l'a comprise: Un grand train, les riches à l'avant, les pauvres à l'arrière, et c'est comme ça. Mais les pauvres de l'arrière en ont marre, et il faut que ça change. Celui qui a décidé ça, c'est Curtis, qui va guider la révolte vers l'avant, pour s'emparer du train, et surtout prendre le contrôle de la machine.
Donc évidemment, c'est très manichéen comme raisonnement, et déjà vu plein de fois. Là ou Joon-ho évolue, c'est dans sa façon de le voir. Certes, c'est une adaptation de BD, mais n'oublions pas qu'un film est attribué à son réalisateur (qui en l'occurence, ici, est aussi au scénario).
En résumé, on suit Curtis tout au long du train, du début de la révolte jusqu'à l'arrivée à la tête. Et il s'en passe des choses. Tout a l'air de bien se passer jusqu'au Tunnel, ou c'est une vraie hécatombe. Et c'est à partir de là qu'on a la définition du sacrifice : Curtis est confronté au dilemme le plus fort de sa vie, entre la vie d'un gars qu'il a élevé ou la continuité de la révolte. Si vous êtes ici, vous connaissez son choix.. Et ceci est la véritable vision du sacrifice, un dilemme qu'on espère ne jamais être confronté... Ensuite, au fur et à mesure, Curtis perd toujours plus d'amis qui se sacrifient pour la cause de Curtis. Tout le long, Curtis porte un fardeau énorme qui lui fait perdre ce qui lui est le plus cher en échange d'une progression vers son objectif. Et plus ça avance, plus les responsabilités sont lourdes...
La progression de la richesse est aussi un autre point, moins important à mon sens, mais tout de même. On sait que le train est une sorte "d'échelle" à la richesse, qui semble proportionnelle à excentricité. Plus on avance, plus on se permet des choses, les dernières salles étant tout de même des salles pour se défoncer (montrant à quel point l'Homme peut être ignoble avec du pouvoir... )
Enfin, nous arrivons au terme. On a déjà la confrontation entre Curtis et Namgoong, l'un voulant juste s'emparer du train pour tenter de prospérer une ère de justice, et l'autre ayant le rêve fou de partir dehors. En soi, on a 2 types d'hommes : celui voulant prendre le pouvoir, et celui voulant sortir de la société.
Ensuite, Curtis entre enfin dans la tête et rencontre Wilford, concepteur du train, et en quelques sortes, "chef" de l'humanité. Et là, le problème éthique se pose. Un problème éthique qui remet en cause tout le film lui même : Peut-on avoir justice et égalité ? C'est la question que pose Wilford à Curtis. Si tout le monde vivait comme à l'avant, tout le monde serait déjà mort affamé... Il y a un équilibre à respecter. Ne peut on pas faire un juste milieu ? Il semblerait que non. "Dans un monde, il faut des pauvres et des riches, c'est comme ça que ça fonctionne". C'est comme ça que fonctionne l'espèce humaine. Il y a des pauvres, des riches, on aimerait que les pauvres soient riches aussi, mais c'est impossible, et les conséquences sont toujours les mêmes, surpopulation, famine, maladies, conditions de vies moindres... pourquoi la vie est elle si injuste ? Pourquoi ne peut on pas nous, humains, être tous égaux ? Et ces toutes ces questions qui amènent à cette fin... Le déraillement. Le déraillement n'est ni plus ni moins que la fin de l'humanité, provoquée par l'humanité elle même. Et c'est comme ça: la façon dont les Hommes fonctionnent nous mène inexorablement à notre propre perte. L'humanité s'auto-détruira. C'est, à mon sens, la conclusion du film. Une conclusion très peu gai, certes, mais pas fausse...
La toute fin (après le déraillement) a pour moi une autre signification qui n'a rien à voir avec le cas de l'humanité : C'est que la vie continue. Nous sommes de passage sur la Terre, elle ne nous appartient pas. Quand nous partirons, la vie reprendra son cours.
Encore heureux, parce s'il faut que la terre soit repeuplée de Chinoirs, c'est pas gagné.

Bon, en conclusion de tout ça, Snowpiercer est un excellent film de SF qui amène à réfléchir sur la condition humaine dans son ensemble, ainsi que sur les notions de classes de population. Bon, si on ne veut pas réfléchir (et j'en connais bien qui en font partie) il faut bien sûr éviter ce film, car on essaie pas de comprendre le message, alors il n'a pas vraiment d'intérêt. C'est ma vision de ce film, et je vous invite à la critiquer si vous le souhaitez.
SpyRiteFr
9
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le 10 déc. 2013

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SpyRiteFr

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